Val-de-Marne: 163 Roms évacués de bidonvilles |
163 Roms évacués de bidonvilles dans le Val-de-Marne
PARIS (AFP) - Les forces de l'ordre ont évacué mardi matin quelque 163 Roms installés dans des bidonvilles du Val-de-Marne, au grand dam d'associations humanitaires qui ont vivement critiqué les modalités de l'opération.
Quatre escadrons de gendarmes mobiles (300 hommes au total) et 150 policiers ont investi mardi vers 06H30 trois sites à Choisy-le-Roi et Rungis, tenant soigneusement presse et associations à l'écart.
163 Roms, dont une vingtaine d'enfants, ont été évacués et formellement identifiés. 71 d'entre eux sont en situation irrégulière et seront acheminés dans la journée vers un local de rétention administrative à Bonneuil-sur-Marne, a indiqué à l'AFP le préfet du Val-de-Marne, Patrice Bergougnoux. Après vérifications complémentaires, ils feront l'objet d'une mesure de reconduite à la frontière.
L'opération, effectuée suite à des ordonnances d'expulsion du tribunal de Créteil, concernait deux terrains de l'Etat et un appartenant à un particulier. Elle a duré quatre heures et, selon la préfecture, s'est déroulée "sans incident, dans le respect des personnes".
Les personnes habitant dans ces bidonvilles viennent de Roumanie etvivent en famille. La majorité sont originaires de Cluj, d'autres de Timisoara, Bucarest ou Craiova, selon un comité de soutien rassemblant plusieurs associations comme la Ligue des droits de l'Homme, le MRAP, Médecins du Monde (MDM) et Droit au Logement.
Le 3 octobre, à Choisy-le-Roi, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il "prenait l'engagement de traiter l'ensemble de la question" des camps de Roms dans le Val-de-Marne "d'ici la fin novembre".
L'abbé Pierre, qui avait visité le camp de Choisy le 4 novembre, avait été prévenu de l'évacuation lors de sa rencontre lundi avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui lui a assuré que des solutions avaient été étudiées pour ces familles, a indiqué Emmaüs-France.
"Le Premier ministre l'a informé de cette évacuation et lui a donné des garanties sur le fait que des solutions avaient déjà été étudiées", notamment dans le cadre des accords franco-roumains, a dit à l'AFP Martin Hirsch, le président d'Emmaüs-France.
Mais des associations comme le DAL ou MDM ont vivement critiqué l'opération.
"Je suis scandalisée par la manière dont ça s'est passé. On a voulu tenir à distance tout le monde, la presse, MDM, la Ligue des Droits de l'Homme... pour que l'on ne voie pas ce qui se passe", a déclaré à l'AFP Michèle Mézard, responsable de la mission Rom à MDM.
Le DAL de son côté a estimé que l'évacuation s'apparentait à une "rafle", qui "viole la trêve hivernale des expulsions et frappe une population déjà stigmatisée par la propagande gouvernementale".
Pour sa part, Bruno Dufour, membre de ce Comité soutenu par la Ligue des droits de l'homme ou Médecins du Monde, a dénoncé "cette opération policière, qui met des populations à la rue à la veille de l'hiver. C'est une politique de l'autruche qui ne règle rien sur le fond, on vient juste de créer des dizaines de SDF".
Selon la préfecture, les Roms en situation régulière se verront proposer un logement dans la journée. En attendant, quelque 60 à 80 Roms en situation régulière ont été pris en charge par la Croix-Rouge du département, a-t-on appris auprès de l'organisation.
Ils ont dans un premier temps été conduits dans un centre de l'organisation pour prendre un petit déjeuner et se réchauffer. Ils seront ensuite transférés dans plusieurs hôtels du département, où ils resteront en attendant que leur situation se clarifie, a indiqué à l'AFP Franck Lanore, président de la délégation de la Croix-Rouge du Val-de-Marne.
Selon lui, ces personnes sont dans des situations diverses, parfois demandeuses d'asile. Elles seront suivies dans leurs formalités administratives par les services sociaux
AFP