(Saint-)Germain-De-Calberte (48): Récit de l'expulsion du Prat |
Avril 2007, nous, paysan-nes sans terre, reprenons l'activité du Prat del Ronc à St- Germain-de-Calberte, en Cévennes lozériennes ... Lieu abandonné depuis 10 ans. Les terres sont défrichées et cultivées. Petit à petit le lieu reprend vie : four à pain, poules, poteries, maraîchage, plantation d'arbres fruitiers ..., mais aussi projections de films, soirées débats, chantiers collectifs, journées d'échanges ... Multitudes de projets fleurissent. Dès lors, la préfecture pousse le propriétaire anglais à porter plainte et à traîner les habitant-es devant la machine judiciaire dont ils savent trop bien qu'ils ne sortiront pas gagnants. Après 2 procès riches en agitation, l'avis d'expulsion est signifié à partir du 20 juin [2008].
Mardi 22 juillet 2008, le jour se lève, le Prat del Ronc repart pour une
joyeuse journée de surveillance des alentours.
6h du matin, les guets voient arriver sur le sentier qui mène au Prat,
les chiens de garde de l'ordre établi. L'alerte est lancée et réveille
les habitant-e-s qui se regroupent devant la maison. Pas de temps à
perdre, le chantier barricade est lancé, fermeture de la maison,
blocage du chemin avec du tout venant.
6 h15 : Une cinquantaine de gendarmes (y compris les locaux) dont une
quarantaine de gardes mobiles, plusieurs RG, une brigade canine et
l'huissier, se retrouvent bloqués devant la barricade, à côté de la
maison. Nous sommes une vingtaine à leur faire face. Leur intervention et
le rapport de force sont inévitables. Cette fois, il n'est pas en notre
faveur, vu les forces déployées (bombe lacrymo, tazer, fidèle matraque),
mais notre détermination ne fléchira pas.
En attendant l'arrivée des camarades, nous décidons de gagner du temps en
regroupant nos affaires au ralenti (sans oublier les pauses café !). Au
bout de 2 heures grattées, l'huissier demande de rentrer dans la maison.
Essuyant notre refus, la flicaille déclare la dernière sommation.
Aussitôt dit, aussitôt fait : entre 9h et 9h45, les chiens à 4 pattes
mordent, et leurs homologues à 2 pattes frappent, étranglent et
matraquent. Ils nous traînent jusqu'à la sortie de la piste du Prat.
A ce
moment, étant un peu plus nombreux, des petits groupes se forment,
tentant
de harceler les flics - qui quadrillent la maison - au moyen de diverses
interventions sur la zone surprotégée et de cris de révolte exprimant
rage
et dégout.
11 h : Les uniformes rentrent dans la maison. Nous continuons de
crapahuter dans la montagne et récupérons le plus d'affaires possible et
nos poules ; les flics autorisant l'accès à la zone qu'ils tiennent à
deux filles uniquement. Regroupés non loin de là, nous assistons au
saccage en règle des jardins. Chargement des affaires, insulte aux flics,
vaine tentative d'accéder à l'intérieur de la maison, nous plions bagage
dans le tumulte pour aller nous organiser ailleurs.
Il est 15h00.
Pendant
ce temps-là, à Florac, on contrôle tous les profils qui ne correspondent
pas à la carte postale famille nombreuse, marchands, touristes.
Aujourd'hui, l'ordre règne à la sous-préfecture, et par la force on
l'applique jusqu'au fond des montagnes.
Le Prat del Ronc est à nouveau voué à devenir un lieu mort. Mais nous, nous restons vivants et combatifs, résolus à développer des pratiques autonomes visant la réappropriation de nos vies. Il nous appartient à
tous d'agir pour montrer notre désaccord face aux aberrations de la
propriété privée ; d'affirmer, en paroles et en actes, la liberté de
vivre
comme il nous plaît, et de lutter avec force et courage contre cet ordre
inique.
Rester silencieux c'est les soutenir!
pratdelronc at no tiret log point org