Reims : rétrospective de "la grosse caillasse" par une habitante |
On a ouvert cette maison le 29 octobre, il s'agit d'une grosse maison de maître appartenant à l'armée et servant passagèrement de logement de fonction au plus haut gradé de la base 112 (base militaire près de Reims). Autrement dit c'est un logement de luxe, avec le parc autour et la chambre de la bonne au-dessus des écuries, tout comme il se doit d'être pour un colonel. Nous avons eut l'électricité dès la première semaine en faisant changer l'adresse d'un contrat déjà existant : ils ne nous ont rien demandé de particulier mais nous ont coupé 10 jours plus tard, sur ordre du sous préfet et pour raison de sécurité publique. Hé ben voila, à force d'être contre le nucléaire, on fini à la bougie! Pour l'eau, c'est niet, la mairie veut à tout prix un bail.
Après une semaine d'occupation nous avons invité les gens du quartier à prendre le café, à visiter et à discuter : une vingtaine de personnes sont venues. Depuis le début, tout se passe super bien avec le voisinage car il s'agit d'un quartier populaire très miséreux où les gens comprennent complètement la légitimité de notre démarche. Et puis pour pas mal d'entre eux, tant qu'on est contre les flics, on est dans leur camp, même s'ils se foutent de ce qu'on raconte politiquement. Du coup on a beaucoup d'échanges avec le quartier : des voisins qui passent discuter, qui prennent le café, qui amènent plein de choses ou qui en reprennent dans la zone de gratuité (on en suspecte quelques-uns un de nous faire la charité quand même !).
On a fait un sound system quelques temps après l'ouverture, et ce fut une très chouette expérience, dommage qu'on se soit fait couper le jus 2 jours après !
On est ensuite passé 3 fois au tribunal, avec des rassemblements systématiques devant le palais de justice et ou un cordon de flics nous a systématiquement interdit l'entrée. La dernière fois on est quand même entrés, après intervention en notre faveur du président de séance ou quelque haut gradé de cette espèce.
Le rendu du tribunal nous demandait de décamper sans délais : comme on ne savait pas clairement combien de temps ça faisait et que de toute façon on estimait ça trop court, on s'est surtout dépèché d'emmerder la sous préfecture. Le lendemain du rendu on a fait un rassemblement. Môsieur le sous préfet avait besoin d'une lettre avant de nous recevoir, on est donc revenu le lendemain pour lui en faire une de 2 mètres sur 3, à la bombe et au marqueur et pas particulièrement polie vu les rapports qu'on entretient avec ce personnage. Il ne nous a pas rappelés alors quand on est revenu, 2 jours après, on a occupé. On a amené du bois pour le feu de camp, on a monté un piège a phoque et une tente avec les sacs de couchage, on a jonglé, joué de l'harmonica, mis nos banderoles et donné nos tracts, et on s'est fait sortir manu militari. On a quand même pu crier au sous préfet que c'était absolument dégueulasse d'expulser des personnes alors qu'il ne faisait pas assez froid pour construire des igloos (après s'être assurés que la préfecture ne prêtait pas de cartons chauds : il n'y a même pas de service après vente pour les expulsions !). Comme s'était bien on est revenu le lendemain et on a recommencé. Les flics ont été plus rapides, plus nombreux et moins délicats que la veille (6 véhicules de police pour 4 occupants !).
Le lendemain, 29 dec, l'huissier est venu nous donner commandement de quitter les lieux "immédiatement et sans délais", sans nous laisser les 2 mois. Notre avocat est alors intervenu pour lui signifier que l'expulsion serait alors illégale, ce que l'huissier a reconnu, heureusement d'ailleurs car l'intervention des keufs était prévue pour le lendemain matin ! On a eut un coup de bol terrible, tout s'est joué à quelques heures près ! Bref, depuis on a reçu un nouveau commandement de quitter les lieux avant le 8 mars et on a des raisons de penser qu'ils ne nous laisseront pas poireauter longtemps après cette date.
Depuis tout ça la vie reprend un cours plus tranquille on assure surtout notre survie quotidienne qui est parfois difficile (on n'est que 4 habitants, pas d'eau, pas d'électricité, une seule pièce chauffée, le gel dans les chambres, le bois à faire à la scie...). On essaye de faire un concert et diverses choses d'ici un mois et j'essaye de vous tenir au courant... ce qui n'est pas gagné d'avance !
Joyeuse continuation de votre coté.
complément :
2 concerts sont prévus dans les temps qui viennent à la grosse Caillasse: Le 1 février: Golpe de Estado (punk-reims) et los Skalimuchos (ska-troyes)... le 2 mars: Casa Reccio et peut être les manchos avec tout un tas de trucs dans le week end mais on sait pas encore exactement quoi ni quand.
une occupante