Québec : La Coalition pour le droit au logement dénonce l’attitude de la Croix-Rouge et de la Ville de Québec quant aux prétendues mesures d'urgence... |
Québec, le 29 juin 2004.
Constatant les nombreux problèmes auxquels font face les sans-logis devant l’échéance du 1er juillet, la Coalition pour le droit au logement dénonce la façon dont sont appliquées les mesures d’urgence mises en place par la Ville de Québec et administrées par la Croix-Rouge. « Plusieurs ménages sans-logis ont communiqué avec les comités logement pour rapporter des cas flagrants de discrimination et d’importantes contraintes bureaucratiques », rapporte Marie-Hélène Drapeau du Comité des citoyens et citoyennes du Quartier Saint-Sauveur. « Il semble que la Ville et la Croix-Rouge répètent le scénario de l’an passé en banalisant les problèmes des locataires, en plus de mettre des embûches dans le traitement de leurs demandes ».
Des exemples qui s’accumulent
Malgré les promesses faites par les responsables de la Ville et de la Croix-Rouge lors d’une rencontre préparatoire avec les comités logement, les sans-logis qui souhaitent bénéficier des mesures d’urgence doivent obligatoirement fournir un bail en bonne et due forme (en plus d’une tonne de paperasse administrative), sans quoi on les renvoie à la rue. Selon la Ville et la Croix-Rouge, ce serait la seule façon de garantir qu’il s’agit bel et bien de « vrais » locataires, et non de « méchants fraudeurs ». Selon Marie-Hélène Drapeau, une telle attitude pose de graves problèmes: « par une interprétation restrictive du statut de locataire, on évacue du même souffle toutes les personnes qui sont locataires, mais qui n’ont pas de bail écrit, en d’autres mots la plupart des chambreurs, des familles hébergées temporairement chez des proches ou des personnes vivant en colocation. On discrimine les locataires « sans-papiers » en plus de les stigmatiser inutilement ».
D’autres problèmes sont survenus dans l’attribution des suppléments au loyer. Ainsi, une famille de trois personnes (1 adulte, deux enfants en bas âge) ayant trouvé un 5 1/2 abordable s’est vu refuser l’aide financière à laquelle elle avait droit, sous prétexte que selon le règlement, les enfants de moins de 9 ans doivent dormir dans la même chambre. « en d’autres mots, on dit à cette famille : recommencez vos recherches, vous ne rentrez pas dans nos petites cases. Ce genre de contraintes bureaucratiques est tout simplement révoltant, tout particulièrement en situation de crise », souligne Mathieu Houle-Courcelles du Bureau d’animation et information logement (BAIL).
Le réseau d’aide aux itinérant-es est débordé
Les locataires qui ont trouvé refuge dans le réseau d’aide aux itinérant-es sont également mis de côté par le programme de mesures d’urgence. On considère que leurs problèmes de logement ne concernent pas la Ville et la Croix-Rouge, puisque ces locataires ont un toit sur la tête. Or, ces refuges sont maintenant occupés à pleine capacité et ne sont pas fait pour pallier au manque de logement locatif, mais bien comme dernier recours. Comme l’indique Marie-Hélène Drapeau, « on refuse en ce moment du monde à l’Auberivière, alors qu’en principe, il devrait y avoir au moins 30% des lits disponibles à ce temps-ci de l’année ». Selon les membres de la Coalition, la Ville de Québec et la Croix-Rouge ont délibérément choisis de laisser le réseau d’aide aux itinérants aux prises avec une partie du problème afin de ne pas « surcharger » leurs propres services.
Des locataires laissés à eux-mêmes
Autre point de litige, l’approche privilégiée par la Ville et la Croix-Rouge met de côté l’accompagnement et le support psycho-social aux sans-logis. Les locataires sont laissés à eux-mêmes, sans aide directe pour les aider à surmonter cette épreuve ; on n’offre même pas de billets d’autobus pour leur permettre de faciliter leur démarches. Selon la Coalition, une telle attitude montre bien sur qui repose le fardeau de la crise : « il y a un écart considérable entre la vision idyllique présentée par la Ville et la Croix-Rouge et la réalité sur le terrain. Nous continuerons à dénoncer ces problèmes sur la place publique, tant qu’on offrira pas aux locataires ce à quoi ils ont droit : un véritable programme d’aide au logement à l’année, reposant sur la solidarité et non sur les contraintes et stigmatisation » conclue Mathieu Houle-Courcelles.
Anonyme