Paris: Un squat de la rue Pinton est fermé suite à un incendie |
Dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 juillet 2007, notre maison (10 rue François Pinton, Paris 19ème) a été détruite dans un incendie, emportant au passage une partie de nos affaires. Aujourd’hui nous n’avons plus de logement.
Alors que le toit finit de brûler, une adjointe au maire du 19ème fait une courte apparition : elle vient réconforter quelques voisins mais ne juge pas utile de nous adresser la parole. A une heure du matin, les flics nous auditionnent au commissariat d’Erik Satie. Au bout d’une heure, on nous annonce : « aucune solution de relogement n’a été envisagée pour vous, bonsoir, vous pouvez partir ».
Le lendemain, les charognards encravatés tournent déjà autour de la maison encore fumante : assureurs, propriétaires et acheteurs se frottent les mains. Quant aux flics, ils ont pour unique souci de fermer la maison. Il faut attendre midi pour y accéder : ils nous imposent trois heures pour récupérer nos affaires sans camions ni garde-meuble.
L’incendie est une aubaine pour la police ; expulser à moindre frais et sans vague, surtout quand les habitants sont connus pour leur lutte pour le logement et contre les expulsions de sans-papiers.
Pour le propriétaire tout rentre dans l’ordre, il récupère son bien avant l’heure et se fera rembourser les travaux par les assurances : une bonne affaire, ce brasier, finalement.
Depuis plus de deux ans, nous étions plusieurs personnes à habiter dans une maison laissée à l’abandon pendant 8 ans.
L’habitation appartenait à quatre associations caritatives : Secours catholique, Mie de pain, SPA, Ligue contre le cancer qui n’ont qu’une idée en tête : nous mettre à la rue. Ces bienfaiteurs nous trainent devant les tribunaux en mars 2006, la juge nous autorise à rester encore huit mois mais nous réclame 2000 euros d’indemnités par mois d’occupation !
Ne pensant qu’à la façade humaniste qu’elles se sont faite depuis des années d’activités, les quatre associations décident finalement de ne pas expulser d’elles-mêmes. Le 10 juin 2007, elles chargent un marchand de biens de faire la sale besogne en lui vendant la maison, se débarrassant d’une expulsion gênante pour leur image.
Notre nouveau propriétaire nous met la pression depuis les premiers jours de la transaction : harcèlement téléphonique, menaces de saisies, appels aux familles… En maître-chanteur, le marchand de biens exige que nous partions de nous-mêmes avant fin juillet « et de nous débrouiller pour l’hiver si nous ne voulons pas être poursuivis toute notre vie » par ses charognards d’huissiers. Suite à l’incendie, le voilà satisfait.
Nous savons tous qu’il est fréquent de voir des logements précaires et des squats finir en fumée : la vie des pauvres brûle bien, et quoi qu’on en dise cela en arrange plus d’un.
Nous ne sommes qu’un exemple parmi tant d’autres dans le règne du fric et de la propriété. Nous ne nous étonnons pas d’être à la rue et de voir un marchand de biens spéculer tranquillement avec le concours des associations caritatives.
Notre habitation a brulé ! Aujourd’hui, nous exigeons des logements pour tous les occupants.
Nous n’avons pas fini d’occuper !
botzaris at no-log.org