Paris: Quand la charité expulse |
L’été dernier [2005], quelques jours après l’incendie du Bd
Vincent Auriol et l’annonce de Sarkozy d’évacuer tous les
immeubles insalubres, le Secours catholique participe à la
manifestation contre les expulsions au cri d’« un logement
pour tous c’est un droit ».
Le 15 septembre, les expulsés du 21 rue du Maroc
(19e) occupent les locaux du Secours catholique, 43
rue d’Aubervilliers (18e). L’association est contrainte de
prendre position: « Le Secours catholique [...] tient à faire
connaître son indignation face aux expulsions pratiquées
par les pouvoirs publics sans aucune proposition de
relogement pérenne ».
Pendant qu’elle « s’indigne », un huissier accompagné des
forces de l’ordre défonce notre porte.
Quand il s’agit de sermonner le gouvernement, le Secours
catholique oppose un droit au logement aux expulsions.
Quand elle est propriétaire de logements vides, elle ne
manque pas de faire valoir son droit (de propriété cette
fois).
L’argent de la « charité » sert aussi à ça: expulser des
occupants « sans droit ni titre ». Le Secours Catholique
avec ses discours sociaux connaît comme tout le monde la
situation problématique du logement, notamment à Paris.
Elle ne peut s’empêcher de participer à son fonctionnement
spéculatif main dans la main avec le droit et l’Etat pour
faire tourner sa boîte à quémander.
Pour ceux à qui le revenu ne permet pas de vivre à Paris, le moyen d’accéder à un logement peut être de le prendre, d’occuper des lieux vides. Pour se loger dans le privé, rassembler les garanties suffisantes est de moins en moins possible, alors que tant de logements sont laissés vides ; et il faut encore avoir l’envie et les moyens d’être isolé dans un 15m2 à 500 euros. Pour un logement social, l’attente est longue voire sans fin, dans certains cas mortelle. La ville de Paris n’arrange pas cet état de fait, bien au contraire, avec les promoteurs immobiliers elle organise la spéculation. Sa politique: protéger une partie de la classe moyenne dans Paris (cadres, artistes, étudiants) et en chasser la majorité des pauvres. Les moyens mis en oeuvre pour restructurer les quartiers populaires : expulser les squats et les immeubles insalubres, introduire la «mixité sociale» en construisant des logements dits sociaux (PLS : accessibles aux revenus à partir de 1300 euros officiellement et beaucoup plus dans la réalité), créer des « espaces civilisés ».
Squatter par choix ou par nécessité ne permet pas de se libérer de toutes les contraintes économiques imposées par le capitalisme mais de nous organiser collectivement, pour subvenir à nos besoins, lutter contre les expulsions et arracher des logements.
Arrachons les logements ! Non aux expulsions !
botzaris at no-log point org