Paris : Perturbation au salon de l’immobilier tunisien


Aujourd’hui samedi 11 juin 2011, une trentaine de Harragas et de solidaires sont allés perturber le salon de l’immobilier tunisien, porte de Champerret (17e). Derrière une banderole "Ni business ni frontières", nous avons effectué un petit tour du hall en distribuant le tract ci-dessous, et en gueulant "Des papiers pour tous", "ni frontières, ni business", ... Malgré la lourde présence des gros bras au service des riches, cela ne nous a pas empêché de venir perturber ce salon, ni de sentir l’odeur de nombreuses boules puantes qui ont éclaté sous nos pas juste avant de sortir.
Depuis la veille, on pouvait aussi voir de grands tags dans le quartier : "Détruisons la propriété", "Brûlons les frontières", "Vive la révolution", "A bas le commerce", "Liberté pour tous avec ou sans papiers", tandis qu’une énorme banderole en français et en arabe était suspendue non loin, au-dessus du périphérique : "Ni business ni frontières".

Toujours plus de flouz pour les friqués et de répression pour les révoltés !

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à faire en Tunisie. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence secondaire ou dans un bien immobilier.

A ces derniers, l’Etat français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4 ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la Tunisie, les Etats européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion, des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’auto-organiser, leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde-à-vue, arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ forcé... Au final, c’est l’Etat qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FONTIERES !
Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous !

...


retour