Paris : expulsées d'un immeuble squatté, 17 familles campent sous la pluie |
- familles du 81 : 3ème nuit sous la pluie -
Il y a peu de mots pour exprimer cela. Peu de mots, et un grand ecoeurement.
C'est à Paris, en face d'un hôpital et d'une grande école de la Chambre de Commerce et D'industrie de Paris.
Pour la troisième nuit consécutive, une dizaine de familles vont dormir, sous la pluie, dans le froid, par terre, sur le trottoir.
Il y a des femmes, des hommes, et des enfants. Dont des bébés. Dehors.
Quand je suis parti du rassemblement, la préfecture de police exigeait que l'on enlève les bâches qui les protégeaient de la pluie. Pourquoi ? Va savoir...
Hier, les forces de l'ordre avait essayé d'empêcher qu'une ONG apporte de la nourriture. Et elles refusaient l'installation d'une bâche.
Aujourd'hui, après négociations, les forces de l'ordre commandées par on ne sait quel politique (Sarre (maire du 11ème) ?, Mano (Maire adjoint à la Mairie de Paris) ?, Vaillant (Ministre de l'Intérieur), sous influence du Président de la CCI - propriétaire de l'immeuble que les familles et le DAL avaient réquisitionné - ?) ont fini par accepter la bâche à condition qu'elle ne soit pas tendue mais qu'elle ne serve que de couverture...
D'un coté donc, cette image effarente, de familles qui campent sur des matelas de fortune, dans la rue, pour demander le plus légitime des droits, un toit.
De l'autre, la une des journaux en ce moment. Didier Schuller en prison pour avoir détourner l'argent des HLM.
Pour son profit ? En tout cas pour celui du RPR semble t'il. Et en partie pour le PS et le MDC ?
Il y avait peu de personnes pour soutenir les familles, une cinquantaine de militants (DAL, CNT, Droits devant...), quelques passant dont plusieurs les larmes aux yeux. Pas de personnalités sauf quelques Verts (dont les 2 porte-paroles nationaux).
Pas grand monde, par indifférence ? Egoïsme ? Défense ? En tout cas, la presse, la grande, elle non plus ne se dérange pas pour si peu. Ni FR3, ni Libé, ni Le Monde, ni L'Huma de Lagardère... "Cacher cette détresse que l'on ne saurait voir".
L'immeuble au pied duquel les familles campent avait été réquisitionné, puis évacué, après quelques pressions de la Chambre de Commerce et d'Industrie et certainement du Maire MDC (le parti du nationaliste et socialiste Chevènement) de l'arrondissement au motif qu'il était insalubre?
Faut-il attendre qu'une personne meurt de froid, qu'un enfant tombe malade pour réagir ?
Aujourd'hui, pour réclamer un toit, les familles dorment sur un trottoir. Est-elle propre elle-même cette société qui accepte cela ? Sont-ils propres eux-même ces hommes politiques et le président de la CCI qui permettent cela ?
Leur aveuglement engage leur responsabilité.
Au premier jour, ils refusaient toute discussion avec le DAL et proposaient une nuit d'hôtel aux familles. Aujourd'hui, ils ont fait un vague courrier pour qu'un jour ou l'autre, les demandes de relogement soient prises en compte. Et ainsi se laver de toutes accusations.
[...]
Il est symbolique que l'immeuble d'où les familles ont été évacuées soit la propriété de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris. L'économie libérale froide, deshumanisée, insensible.
Il est urgent de soutenir les familles. Il est urgent d'exiger un toit pour tous. Il est urgent de montrer que le monde que l'on veut construire n'est pas celui qu'ils nous proposent. Un autre monde est possible dit-on, c'est devant cet immeuble que l'on y apportera une pierre. Pas sous le soleil de Porto Alegre.
Et vous pouvez aussi interpeller les responsables qui pourraient rêgler cette situation, si seulement ils en avaient la volonté.
Jean-Yves MANO, maire adjoint à la mairie de Paris, chargé du logement : 01 42 76 40 40 (standard)
Mairie du 11ème (demander Georges Sarre) : 01 53 27 11 11.
Chambre de commerce de d'industrie (demander le Président : Michel Franck). Email: michel.franck@ccip.fr. Téléphone: 01.55.65.55.65 (standard).
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- familles du 81 : 4ième nuit sous la pluie -
Il n'a pas arrêté de pleuvoir, même pendant la manif des sans-papier.
La nuit de vendredi à samedi a été particulièrement froide et humide et la journée a été aussi pire. Pas de répis.
Sur le campement plusieurs matelas en mousse sont gorgés d'eau et les familles qui sont sur place restent sous le porche plus sec. Même les mômes n'ont pas envie de jouer sous la pluie. Comme les jours précédent, un car de police veille au grain, les policiers (dont à chaque fois au moins une femme) ont reçu un ordre très clair : pas de bâche !!!
La bataille de la bâche
Depuis qu'elles se sont fait expulsées de l'immeuble, le préfet, la
mairie du XIème, la mairie de Paris, ont refusé tout contact avec les famille et le DAL. Le premier jour, le commissaire a essayé
d'empêcher Emmaüs d'apporter des sandwichs, devant l'émeute
d'indignation, il a fini par laissé faire.
Par contre pendant ces 3 jours, la police a constament refusé que Médecin du Monde apporte des couvertures chauffantes.
Quand le DAL a voulu mettre en place une bache pour protéger les
familles de la pluie et du vent, la police est devenu hystérique. Il n'en était pas question. Pourquoi ? "Les ordres viennent d'en haut".
Les familles ont fini par obtenir que la bâche soit abaissé pour la nuit de vendredi à samedi.
Résumons, les "ordres d'en haut" étaient clairs : pas de nourriture, pas de couverture chauffante, pas de bâches.
Samedi, 3 jours après l'écuation, la presse commence à parler du campement, Le Parisien, Libé, Le Monde. Vers 14 h une équipe de télévision arrive. Les policiers en faction demandent leurs papiers (une première parait-il). Il s'agit de journaliste de France 2. Des images des familles sous la pluie dans le journal de 20 h à quelques semaines des présidentielles et des législatives... C'est pas bon pour le morale de Georges Sarre (pitoyable maire MDC du 11ème, et du PS). Une heure après, pour la première fois depuis le campement, les policiers s'en vont !
Du coup, le DAL parle de réinstaller une bâche. Vers 17 h une nouvelle bâche, plus solide et plus grande, est en place. A ce moment, une voiture de police fait une ronde sur le boulevard, voyant cette dernière, les policiers pilent, viennent sur le campement et exigent que la bâche soit enlevée. Pouquoi ? "C'est les ordres".
Tout le monde refuse. Cris, slogans... Les policiers téléphonent,
préviennent que des "gradès" vont arriver, comptent le nombre de
manifestant. Et au bout d'une heure, la queue entre les jambes, s'en vont. Ha oui, l'équipe et la caméra de France 2 est toujours là...
Apparement, cela calme les "ordres d'en haut".
Un début de négociations
Entre temps, Lilliane Capelle, maire adjoint du 11ème, bras droit du Maire Georges Sarre, qui semble t'il s'est étranglée à son petit déj en lisant le reportage de Libé sur le campement, s'est pointée samedi avec une proposition "généreuse". Clairement affolée par la dimension médiatique que commence à prendre cet événement et alors que pendant 3 jours la maire d'arrondissement a refusé tout contact avec le DAL et les familles, elle a expliqué qu'elle avait passé toute la journée à téléphoner au préfet, à des associations caritatives et à l'hôtel de ville pour trouver une solution. Noter qu'elle a fait cela un samedi, en plein week-end, il faut vraiment qu'elle soit affolée pour faire d'un seul coup, pendant un week-end, ce qu'elle aurait pu faire 3 jours avant !!!
Sa propositoin est la suivante : les familles arrêtent de camper, acceptent un hébergement dans un hôtel jusqu'à mardi, pour attendre une réunion avec la préfecture, les services sociaux afin de trouver une solution de relogement.
Parmi les familles qui campent, certaines ont déposées un dossier et attendent depuis 10 voir 14 ans un logement social...
Les familles refusent l'hôtel car elles n'ont pas confiance et décident de rester sur place jusqu'à cette réunion. Elles demandent la réouverture de l'immeuble pour avoir un abri en attendant. Ce que refuse l'adjointe au Maire. Il lui aurait suffit d'un coup de fil au propriétaire de l'immeuble, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, pour obtenir le départ des 4 maitres chiens à l'intérieur et d'offrir un toit pour quelques jours. Mais bon... Le campement continue donc au moins jusqu'à la réunion.
A Paris, aujourd'hui dimanche, il pleut toujours.
Les suites
Il devrait donc y avoir, enfin, une réunion lundi ou mardi prochain pour trouver un hébergement pour les familles. Lundi, les familles sont convoquées en référé au Tribunal par la Chambre de Commerce et d'Industrie qui avait portée plainte contre le squat... Avant d'obtenir l'évacuation. Le Dal, maintient le mot d'ordre d'un rassemblement de soutien tous les jours à 17 heures devant l'immeuble. Une réunion du comité de soutien est prévue mardi à 19 h (lieu à préciser)...
diverses sources