Montreuil (93): Le Chatô reste !


Suite à l'expulsion foirée de ce matin (1er juin 2007), le Chatô a fait parvenir un message sur Indymedia-Paris:
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=82211

Message du Chatô : On reste !

Ça devait arriver, le jugement l'avait annoncé : l'expulsion d'un grand lieu occupé à Montreuil, à deux pas de la mairie, sur l'avenue Pasteur. Depuis le 25 mai, nous les attendions jour après jour, et c'est peu avant sept heures qu'ils ont débarqué. Ils avaient pour ordre de nous sortir, d'enlever tous les meubles et de laisser la maison vide pour que la BNP puisse réaliser, avec l'aide de la mairie, son grand rêve immobilier et financier d'un charmant blockhaus paysager pour jeunes cadres. Avec destruction du grand jardin en prime.

Mais bon. Les flics, ces bons casseurs autorisés, ont finalement dû recourir au secours des pompiers pour ne réussir à défoncer la porte d'entrée qu'au bout de 45 minutes. Ils ont ensuite déménagé les quelques meubles et matelas que l'on avait bien voulu laisser, renversant au passage tout ce qu'ils pouvaient. Puis, ils se sont mis à enlever des fenêtres et des portes : joli et méticuleux travail visant à rendre inhabitable la baraque.

Mais bon. Ils ne sont pas allés jusqu'au bout de leur opération sordide. Des occupants étaient paisiblement installés sur les gouttières, d'autres sur le toit. En bas, dans la rue, pas mal de monde : des copains, des voisins, des voisins devenus des copains et aussi des passants. Et du bruit, même à cette heure matinale, entre les slogans, les chansons, et les morceaux de clarinette. Un refus obstiné d'obtempérer des gens sur les gouttières, une trappe d'accès au toit bien bloquée, un petit peu de remue-ménage en bas et le tour a été joué. Tout ce beau monde en uniforme a fini par repartir, nous laissant avec la maison ouverte à tous les vents.

Mais bon. Une fois cette barrière levée, les retrouvailles passées, nous nous sommes dits qu'il fallait continuer de plus belle. De grandes portes sont arrivées par des potes, des matelas par des voisins, des meubles par un passant. Nous nous sommes mis au travail pour monter, fixer, transporter, replacer, cuisiner, manger et garder cette maison et nos rêves que nous ne pouvons abandonner.

Mais bon. Nous savons que nous sommes toujours vulnérables, car expulsables. Que les flics pourront revenir bientôt et nous déloger pour de bon. En attendant, nous avons cette intuition sur ce qu'il s'est passé : que cela n'aurait jamais pu voir le jour sans un refus collectif de laisser se passer, dans le silence et l'apathie, ce genre de chose. Aujourd'hui, en tout cas, nous avons pu voir qu'une simple solidarité quotidienne pouvait se muer en résistance, et que les rencontres, même banales, dans un quartier, pouvaient conduire "au moins ponctuellement" à la constitution d'une belle puissance.

Pour faire durer tout ça, retrouvons-nous ici ou ailleurs, ou même dès ce samedi 2 Juin à partir de 15h, place de la mairie [de Montreuil].

c.


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