LA MANIFESTATION SE SOLDE PAR UNE TRENTAINE D'ARRESTATIONS
Le vendredi 05 octobre 2001
Les squatteurs en colère
Silvia Galipeau
La Presse
C'est au rythme des "expulsons le maire Bourque", "squat un jour, squat
toujours", et "so- so- société de malades!" que quelque 200 sympathisants des
squatteurs sont venus exprimer leur grogne dans les rues de Montréal mercredi,
une grogne qui s'est soldée par une trentaine d'arrestations.
Au lendemain de l'expulsion du centre Préfontaine, les squatteurs n'avaient pas
le coeur à rire. La foule ressemblait à celle qui, deux mois plus tôt, avait
envahi les rues de Montréal pour prendre possession du premier squat. Mais
alors qu'à l'époque la marche s'était déroulée dans la bonne humeur et
l'excitation d'une nouvelle vie qui commence, celle de mercredi sentait la rage
à plein nez.
Les manifestants se sont donné rendez-vous au square Berri vers 15 heures.
Plusieurs étaient masqués, cagoules sur la tête, drapeau noir au vent. D'autres
arboraient fièrement leurs couleurs: l'organisation populaire des droits
sociaux de la région de Montréal, l'association pour la défense des droits
sociaux de Hull, etc. Tous étaient unis pour une même cause: "dénoncer
l'expulsion sauvage et non justifiée des squatteurs", a résumé un manifestant.
Des policiers sont intervenus pour demander aux manifestants leur itinéraire.
Mais ceux-ci n'avaient manifestement pas envie de collaborer, et leur ont
répondu par une série de "police, au service des riches et des fascistes!"
La foule s'est alors décidée à se diriger vers l'hôtel de ville. En chemin, les
manifestants ont bloqué la circulation et arraché quelques panneaux électoraux
de Pierre Bourque et Gérald Tremblay, en hurlant: "Expulsion brutale, pour le
capital électoral!".
Coïncidence? Au moment où la manifestation atteignait l'hôtel de ville, les
portes principales du bâtiment se verrouillaient. La foule est demeurée pendant
un bon moment sur place. Certains en ont profité pour barbouiller l'immeuble de
graffitis, d'autres pour mettre le feu à un épouvantail en paille de
l'Halloween, d'autres enfin, à témoigner tout fort, leur rage profonde.
"Il faut continuer à squatter, c'est la seule manière de gagner notre combat",
a crié Sorem Kvist, porte-parole du regroupement autonome des jeunes du Québec.
"Nous avions bâti un milieu de vie. Nous avions une salle de spectacle, des
ateliers contre le racisme, une bibliothèque. Et puis du jour au lendemain,
sans que nous nous y attendions, bang, on nous a mis dehors avec beaucoup de
violence. Il y a du monde vraiment en colère", a commenté Julie, membre du
comité des sans-emploi, organisme à l'origine du squat.
La foule s'est ensuite décidée à retourner au square Berri, toujours en
envahissant les rues et en bloquant la circulation. De retour à la case départ,
personne ne semblait trop savoir que faire. Un petit nombre s'est dispersé,
d'autres sont restés à bloquer la circulation sur Sainte-Catherine, angle
Saint-Hubert. Il était 17 heures, heure de pointe, les automobilistes
piaffaient.
C'est alors que l'escouade antiémeute est finalement intervenue. Sans crier
gare, les policiers sont apparus à tous les coins de rue, pour coincer les
manifestants. Bilan? "Trente arrestations, 6 femmes, 24 hommes, pour
attroupement illégal, et certains peut-être pour méfaits", a affirmé le
commandant André Durocher.
* * *
[deuxième texte piqué à radio-Canada.ca]
Arrestations de manifestants au centre-ville de Montréal
À Montréal, la police a arrêté 29 personnes qui manifestaient pour protester
contre l'expulsion mercredi des squatters du Centre Préfontaine. La police
avait demandé deux fois aux manifestants de se disperser. Devant le refus
d'obtempérer, les policiers ont procédé aux arrestations.
Les manifestants étaient d'abord partis du parc Émilie-Gamelin pour se rendre à
l'hôtel de ville. Certains d'entre eux ont dessiné des graffitis sur les murs,
après quoi les manifestants ont bloqué des rues du centre-ville avant que la
police n'intervienne pour les disperser.
Les squatters ont promis de poursuivre leur lutte et d'occuper d'autres
immeubles vacants de la municipalité. Interrogée à savoir si elle avait
l'intention d'intervenir pour aider les squatters, la ministre des Affaires
municipales et de la Métropole, Louise Harel, soutient par ailleurs que son
gouvernement fait déjà beaucoup pour le logement social.
Mme Harel affirme que son gouvernement est le seul au pays, parmi les
gouvernements provinicaux et fédéral, à continuer d'investir dans ce secteur.
Elle précise que son gouvernement y a injecté plus de 710 millions de dollars
dans l'île de Montréal seulement.
La ministre ne pense pas que la solution mise de l'avant par certains groupes
communautaires de céder les édifices gouvernementaux aux plus démunis soit une
bonne idée. Selon elle, la plupart des édifices gouvernementaux provinciaux
sont occupés soit par des bureaux, soit par des organismes communautaires.