La police expulse violemment les squatters de montréal |
La police est arrivée sans avertissement après 8h du matin hier, est entrée de force dans le bâtiment et a forcée violemment les résidents à quitter. Beaucoup de squatters n'ont même pas pu prendre leurs effets personnels, y compris chaussures et habits. Arthur Sandborn-le président du syndicat CSN de la région de montréal et supporter du squat-rapporte qu'il a personnellement vu au moins une femme sortie nue par les policiers anti-émeute, avec une simple couverture comme protection.
Selon les squatters et leurs porte-paroles, plusieurs personnes dans le bâtiment ont été battues à coup de bâtons et de coup de poing. Un jeune homme s'est fait tiré dessus avec un gun taser (note de traduction : armes électriques délivrant des chocs de plusieurs milliers de volts. Ces armes peuvent causer la mort et sont prisées car soi-disant "non-létales", pour la dissuasion par la terreur et les possibles humiliations) au moins 2 fois et a perdu conscience.
Selon des témoins, il essayait de prendre son sac à dos. D'autres personnes ont souffert de commotions cérébrales suite aux coups policiers, et il y a au moins 2 personnes hospitalisées.
Au moins 6 personnes, cinq hommes et une femme, ont été arrêtées durant l'éviction et détenues au Centre de Détention Est (coin Jean Talon et Langelier) avec comme accusations " résister à la police " et " obstruction ". D'autres rapports parlent de 10 arrêtéEs.
Les squatters et beaucoup de soutiens, qui se sont rapidements mobilisés sur les lieux ont été repoussés du squat au coin des rues préfontaine et Rachel par une escouade anti-émeute. Pendant ce temps, un grand nombre de badauds, qui durant les 2 derniers mois s'assemblaient sur le site du squat, regardaient l'opération policière.
Les squatters et leurs soutiens sont réfugiés temporairement au CEGEP Maisonneuve sur la rue Sherbrooke. Beaucoup de squatters vont rester temporairement au centre communautaire centre sud afin de planifier les prochaines actions.
Il y a une manif de soutien planifié cette après-midi à 15h, rendez-vous au carré Berri au centre-ville. Selon certains médias, les squatters pourraient tenter d'occuper un autre espace durant la manif.
Il ne manque pas de bâtiments abandonnés ou inutilisés à montréal. François Saillant du groupe FRAPRU estime à au moins 130 le nombre de bâtiments qui pourraient être occupés immédiatement dans la ville.
Sur le site du squat des travailleurs ont condamnés l'immeuble et environ 20 gardes de sécurité privés ont remplacés la police et maintiennent une présence constante.
Selon Radio-Canada, les gardes de sécurités sont payés 22$ de l'heure.
La police justifie l'action d'aujourd'hui en déclarant que le département des incendies leur a demandé d'intervenir. Des membres des services d'incendie qui le site la veille affirment que les squatters ont réoccupés le 4e étage du building que les pompiers avaient condamnés. La présence de personnes au 4e étage a été soudainement considéré comme une " menace à la sécurité ".
Ces 2 derniers mois au moins 50 squatters et leurs soutiens ont fait du centre préfontaine leur résidence ainsi qu'un espace de réunion pour la jeunesse de la rue et pour les activistes locaux. Le centre préfontaine -- un bâtiment propriété de la ville qui était vide depuis des années -- a été gagné après 5 jours d'occupation d'un bâtiment-patrimoine du centre-ville. Le gain du grand immeuble de 4 étages a été largement salué comme une victoire pour les droits des squatters à montréal, au québec et au canada.
Le premier lieu squatté, Overdale Squat, était abandonné depuis 13 ans jusqu'à son retour à la vie mené par une action de squat grand public impliquant 400 personnes.
L'action de squat du 27 juillet - organisée par le groupe anti-pauvreté 'Comité des sans-emplois' - a suscité une large attention et un bon soutien du public étant donné la question des sans-logement et des inégalités de logement à montréal.
Le centre préfontaine est vite devenu un laboratoire pour la vie en communauté, comme pour le lancement de projets alternatifs tels un jardin et composte communautaire, une école libre, une cuisine communautaire et un projet d'imprimerie.
C'était aussi un point de convergence pour de nombreux jeunes des rues de montréal, et une centre stratégique sur le sujet des sans-logis et du logement social. En plus des jeunes, le squat était aussi un chez-soi pour quelques familles y compris de jeunes enfants.
À l'origine, le bureau du maire Bourque avait promis, par écrit, d'autoriser que le nouveau squat soit organisé par les squatters, sans interférence policière. Le chauffage, l'eau et le loyer devaient être gratuits et le site autogéré.
Malgré tout, l'attitude du maire a changé il y a un mois et depuis au moins les 3 dernières semaines, la ville a cherché des moyens pour jeter les squatters.
Jusqu'à hier matin, la ville n'était pas capable de trouver un prétexte légal à l'éviction. Et dans le cas de problèmes dans l'immeuble, le propriétaire -- la ville de montréal - était responsable des améliorations à apporter.
Les squatters considèrent le prétexte du service incendie avec suspicion.
Pendant ce temps le maire continue d'écarter les enjeux soulevés par les squatters depuis 2 mois, tout en prétendant que l'éviction par les policiers s'est déroulée " pacifiquement ". Le maire a rejeté tout compromis avec les squatters et essaie de mettre cette affaire dans l'ombre alors qu'il se prépare pour les élections municipales de début novembre.
Selon les termes méprisants du maire, "le but [des squatters] était l'antiglobalisation et ils étaient contre notre système... et le capitalisme"
Par Jaggi Singh
Pour Indymédia Montréal, CMAQ, A-Infos et act-mtl
[cette histoire est basée sur les reportages des médias capitalistes, autant que sur les témoignages directs des squatteurs et de leurs soutiens]
Jaggi Singh <jaggi@tao.ca>