Milan: Des squatters résistent à une opération d'expulsion depuis plus de 60 heures


20 mai 2011

A Milan, y'a des compagnons qui résistent à l'expulsion d'une occupation depuis plus de 60 heures!
Le squat est situé au 20 via del Sarto, la maison est occupée depuis dimanche dernier et c'est une propriété de l'ALER.
Ci-dessous, le texte qui a été écrit entre-temps:

Nous voulons de la hauteur

Si nous restons sur ce toit depuis maintenant autant de temps, ce n'est ni par protestation, ni parce que nous nous faisons l'illusion de tenir cette maison, mais plutôt parce que nous pensons aux expulsions passées et à venir.

Les flics doivent comprendre, et cela avait été oublié lors des dernières expulsions, que chasser des gens de chez eux, de leur propre maison, n'est pas un travail rapide, et encore moins quelque chose de facile. Nous espérons les faire suer jusqu'au sang et nous souhaitons que beaucoup d'autres le fassent avec nous.

L'occupation a pour nous un rôle central au sein d'un mouvement révolutionnaire.

Ces derniers temps, la question de l'habitation et de comment nous nous rapportons aux lieux de notre vie est très importante. Les occupations sont pour nous autant des moyens que des fins. Seulement dans les espaces communs où le privé est converti en commun, où la circulation et le partage sont à leur point le plus haut, seulement en ces lieux on peut projeter et construire la fin de ce monde absurde. Même le public, ou ce qui en reste, est rendu au commun. Pour cela, pratiques d'occupations et pratiques de rue vont ensemble.

Comme la plèbe romaine, nous décidons de faire une sécession et d'aller sur notre mont Aventin : le toit. Nous ne sommes pas ici pour nous tourner vers cette ville mortifère, ses sbires, sa si ennuyeuse campagne électorale. Les pratiques de l'ALER (proprio de la baraque), de la préfecture, de la commune sont d'un niveau d'ennui, d'ignorance et d'éthique tellement bas que nous ne voulons même pas les dénoncer. On se trouve mieux ici au soleil où l'air est frais et où les emplumés nous tiennent compagnie.

Cette maison était une barque pour fuir de Milan et en découvrir une autre. Elle a été malheureusement prématurément coulée par la marine commercialo-policière. Maintenant, matelots indomptés sur un radeau qui agitent le drapeau des naufragés, nous espérons seulement que le vent nous porte loin de l'éternelle répétition du "même" : énième expulsion, têtes habituelles qui cherchent la médiation, à trouver une solution, tous qui veulent te photographier et la Digos (police politique) qui avec de plaisants sourires cherche à te convaincre qu'elle veut t'aider. Nous continuons à ramer car les pratiques de complicité et de fraternité nous apparaissent chaque jour de plus comme la terre ferme sur laquelle aborder.

Considérations sur la nuit passée :
- grâce à l'auto-organisation et la construction d'un rapport de force favorable, hier soir, avec un peu d'humour et sans se prendre au sérieux, les compagnons ont réussi à amener et à lancer sur le toit de la nourriture et de l'eau.
Memento : la médiation ne paye pas.
- l'absurdité de la situation est de voir qu'il y a des personnes qui pour quatre sous sont disposées à empêcher des êtres humains à apporter de l'eau et de la nourriture à d'autres êtres humains qui en ont besoin.
Nous ne réussissons à imaginer aucune circonstance, aucun contexte où une telle pratique puisse être justifiable. [...]

Peu à peu, par le "paquet sécurité" en passant par la "menace terroriste" nous nous sommes habitués à tel point à ces situations jusqu'à ne plus rien voir, ne plus se rendre compte que le capital a formé une nouvelle humanité, que les personnes ne sont plus que des variables produites pour actualiser la logique d'une abstraction. Pour ces raisons, nous avons perdu un peu de notre rêve hier soir mais en nous foutant de la police nous savons que sont en train d'émerger mille formes de vie contre lesquelles cette humanité homogénéisée ne peut rien.

The Roof Crew

Plus d'infos en italien sur Informa-Azione.


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