Milan: La Villa occupée est en danger


9 août 2008

A la Villa de Milan, depuis 1998, les anarchistes font la fête... mais la mairie veut les expulser

Une campage de presse a été lancée contre le squat milanais anarcho-punk (occupé après la destruction du Laboratorio anarchico di via di amicis, 10) qui fête ses dix ans ; le gratte-papier fait référence dans son appel à la répression de la Casa occupata des années 1977, sans scrupule. Cet article (écrit par un frustré du travail salarié) est sorti dans "Il giornale", torche-cul de Berlusconi. Cet article donne en exemple les moyens employés par la réaction contre la liberté anarchiste - quelques commentaires entre parenthèses sont indispensables pour supporter tant de haine contre la vie libre.

Par Alberto Giannoni, traduction itinérante du Laboratoire (Valence), ancien occupant du Laboratorio

Chiens de garde, fils de fer, verroux et chaines. Tout en étant anarchistes, ils défendent la propriété. Le problème est que celle-ci est municipale, donc des Milanais. Et pourtant les habitants depuis dix ans ne peuvent même pas mettre le bout du nez dans cette villa, 66 rue Litta Modignani, oasis de verdure et de fraicheur, dans le quartier Comasina-Affori. Une oasis d’illégalité qui pourrait bientôt finir.

La “Villa okkupée” est un immeuble de trois étages (maison bourgeoise), avec des dépendances et un grand jardin... Devant, il y a une auto, qui n’est pas vraiment prolétaire: une Lancia bleue électrique (sans plaque d'immatriculation). Entre deux vieux arbres, un hamac fait envie à tous. Dans la cour, des poules picorent. Les "punkabestias" (punkabestia: terme dont Carlo Giuliani était "accusé") ont un beau potager. Le jardin par contre est abandonné, plein de moustiques et d’insectes (sans pesticide). Une jungle inaccessible dans laquelle les mauvaises herbes croissent sans être dérangées depuis une dizaine d’années (ouf). L’occupation se poursuit depuis tant d’années. Les anarchistes l’ont prise en 1998, quand elle était fermée pour travaux. Auparavant, il y avait un centre civique (centre social qui durait depuis les années 77), qui fonctionnait bien. Les habitants du quartier d’une quarantaine d’années (dans les années 70) se souviennent très bien des après-midi passées là. Pas seulement pour profiter des espaces verts ou des recoins où jouer à cache-cache, mais pour les ateliers, la musique, le sport et pour toutes les activités qui les ont éloignés des expériences dévastatrices: “Dans ce quartier, l’héroïne a fait un massacre (l'héroïne a été utilisée par le pouvoir démocrate-chrétien pour bloquer l'offensive des autonomes), rappelle quelqu’un, si nous avons été épargnés, c’est aussi grace à cet endroit”.

Maintenant encore, le quartier aurait besoin comme de pain... d’espaces sociaux. L’espace manque pour les écoles ou les associations. En 2001, le Conseil de quartier avait approuvé une motion qui demandait l’expulsion et la transformation de la Villa en Centre pour enfants maltraités. Rien.

Les anarchistes ont “célebré” ces jours-ci les 10 ans d’occupation, en musique et avec une fête. Rendez-vous avec des groupes aux noms attractifs comme “Logique de mort” ou” Kalaschnikov” (ces groupes sont passés en concert au local libertaire de Lons-le-Saunier et dans les squats grenoblois). Les voisins ont encore dans les oreilles “une musique infernale, jusqu’à 3-4 heures du matin”. Ces nuits, la Villa offrait (contre la marchandisation des rapports sociaux) camping et nourriture vegan.

Mais maintenant, c’est la Ville qui pourrait faire la “fête” (discours de haine pure). Le maire adjoint Riccardo De Corato a demandé au Préfet l’expulsion et la fin de l’occupation abusive. Cette affaire fait partie de tout ce qui est prévu par le “décret Maroni”, qui assigne aux mairies de nouveaux pouvoirs d’ordre public. L’expulsion est aussi prévue parce que dans la Villa, on ne se divertit pas seulement avec le potager et la musique (le scribouillard préfère sans doute des concerts gratuits avec beaucoup de publicité). Les “irréductibles” entretiennent des liens avec des groupes insurrectionnalistes ("mouvance anarcho-autonome" dans la presse française) d’autres régions. La Villa a été au centre de perquisitions et d’enquêtes, et elle a été mise en avant chaque fois que quelqu’un se met à jouer avec les bombes (série d'attaques à la bombe signée "Fédération anarchiste informelle"), comme en 2005.

“Et si Milan Hébergeait le G8, craint-on dans le quartier, elle pourrait etre utilisée comme base de soutien aux opposants” (en effet, Berlu a posé la canditature de l'Italie pour le G8 à la fin de celui du Japon).

Julie


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