Lyon: Une expulsion empêchée !


Mardi 7 octobre 2008

Une expulsion empêchée !

Flics et huissier, venus expulser une famille, repartent la queue basse. Le « propriétaire », qui avait demandé l’expulsion, n’est autre que Habitat et Humanisme.

« Vous savez, ça fait vingt ans que je fais ce métier, ce n’est pas la première fois que je suis en face d’une opposition à une expulsion. Mais le commissaire va arriver, avec des renforts s’il le faut, et je ferai mon travail. »

L’huissier était bien sûr de lui, face à la petite dizaine de personnes qui l’attendaient, ce matin, décidées à faire barrage à l’expulsion d’une famille Rom de la Guillotière.

La famille, qui habite dans l’immeuble depuis deux ans, avait un retard de loyer. Toutefois, une partie du loyer en retard a été payée dernièrement, et une assistante sociale a trouvé les fonds pour payer le reste. La situation est donc en voie de régularisation, et ce de façon certaine.

Mais la décision judiciaire de l’expulsion remonte à avril dernier, et rien n’oblige le propriétaire à prendre en compte un paiement intervenu entre-temps. Habitat et Humanisme est donc décidé à se débarrasser de ses locataires, d’autant plus qu’une voisine se plaint régulièrement de ce voisinage trop remuant, trop vivant, trop... étranger.

Anciennes solidarités

La famille dont il est question habite en face de l’ancien squatt du Khawa. Il y a presque deux ans, lorsque les squatteurs avaient eu affaire à la police, cette famille avait montré sa solidarité. Depuis, des liens ont été maintenus.

C’est ainsi que, avant l’arrivée du commissaire ce matin, la petite troupe amassée devant la porte grossissait sous les yeux de l’huissier, jusqu’à atteindre une vingtaine de personnes. Assez pour décourager les cinq flics qui finissent par arriver.

La belle assurance de l’huissier diminue au fur et à mesure de la discussion qui s’engage entre les habitants de l’appartement et la commissaire. Jusqu’à ce qu’il soit évident que l’expulsion n’aura pas lieu aujourd’hui...

... et peut-être pas non plus un autre jour : le juge qui avait ordonné l’expulsion, joint au téléphone est mis au courant des derniers éléments (retard de loyer en passe d’être comblé, et expulsion annulée). Une nouvelle procédure devra être faite, qui durera au moins jusqu’à la trêve hivernale. Les habitant-es de l’appartement doivent passer le voir aujourd’hui pour se le faire confirmer par écrit.

Huissier, déménageur, serrurier, voiture de flics, tout ce monde repart bredouille. À dix heures, l’affaire est pliée.

http://rebellyon.info/article5537.html


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