Lozère: L'écotourisme durable ou la turista du vingt-et-unième siècle |
Ecotourisme durable : la turista du vingt-et-unième siècle.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire de prime abord, il existe une
industrie de masse en Lozère : c'est le tourisme.
Elle fleurit sur l'exploitation d'un capital ; la « nature sauvage » ou «
nature préservée » avec comme principale vitrine le parc national des
Cévennes. Son offre est d'autant plus concurrencielle qu'elle s'appuie
sur
une main d'oeuvre bon marché composée de petits artisans, de petits
agriculteurs, de petits propriétaires de gites et d'un milieu associatif
culturel pour une bonne part bénévole et subventionné.
Comme toutes les autres, cette industrie génère de nombreuses nuisances : pollutions diverses, pillage des ressources naturelles ( notamment l'eau ) , occupation du foncier quand une bonne part de la population galère pour s'installer, se loger, développer des projets d'autosubsistance et d'activité paysanne. Elle est en outre fortemement consommatrice de terres agricoles.
Elle se déploie sur un marché ; celui des loisirs des populations issues des pays industrialisés c'est à dire récoltant les fruits du système d'exploitation mondial et de ses effets désastreux : travail forcé, famines, désastres écologiques durables... Repeindre le tourisme aux couleurs consensuelles de l'écologie et de l'équité ne change rien à sa nature ; cela s'apparente plutôt à une volonté de manipulation en vue d'obtenir l'adhésion de tous ou, tout au moins, la neutralisation de la critique.
A travers la charte européenne pour le développement durable des espaces
protégés et la promotion de l'écotourisme, il s'agit de mener une
opération marketing de grande ampleur afin d'élargir le marché ; et
d'étaler les « flux » touristiques sur une plus longue période pour mieux
gérer leur augmentation en conservant l'image de marque d'un tourisme de
qualité, labellisé du terroir. Le territoire devient alors une
entreprise
au développement de laquelle les habitants sont sommés de participer.
Devenir prestataire de service, guide, gardien, animateur, ou figurant
souriant du grand musée de la nature lozèrienne et de la « culture »
cévenole. Et quel meilleur mausolée qu'un musée grandeur nature pour
inhumer ces cadavres encore frais ? Et quelle place reste-t-il pour vivre
quand tout devient musée et galerie marchande ? Et pourquoi ne pas
carrément édifier un parc d'attractions européen
écoéthiquementcitoyendurable ? On pourrait l'appeler Lozèreland,
Camisarland, ou Parc Cevennix.
On y parcourerait des sentiers balisés à thème avec des étapes dans de
charmantes bourgades où prendraient place des reconstitutions historiques
en costume de la vie quotidienne des siècles passés. On pourrait visiter
chaque maison, hameau ou cabane pour mieux s'imprégner du quotidien de
ces
gens qui vivent « autrement ». Tout le monde participerait de ce grand
oeuvre et l'argent coulerait à flots. Bien sūr il faudrait calmer les
récalcitrants, voire les dégager mais cela n'a jamais été un problème et
la bonne marche des affaires est à ce prix. « Développez!Développez!
Il en
restera toujours quelque chose » aurait pu dire Goebbels.
Certes il en restera toujours quelque chose, mais quoi et pour qui ? Des
montagnes de merde pour tous et de juteux bénéfices pour quelques uns ; comme toujours !
lapich AT no-log.org