Louvain-la-Neuve (Belgique): Démolition du squat 111 |
Le squat devait se faire évacuer depuis l’incident de mars dernier où deux enfants avaient péri dans l’incendie d’un camion et seule la zone punk demeurait. Un compagnon, qui a habité ce squat pendant 3 ans, nous raconte la journée :
« Les bulldozers sont arrivés à 7 heures du mat’ ; bien sûr, les squatteurs n'avaient pas été prévenus, c'est ce que réclamaient ceux-ci. La tension est montée dans la journée (je suis parti vers midi) et au soir les occupants ont mis des briques au milieu de la nationale, mais pas sur les voitures qui passaient ; les flics étaient présents et les pompiers aussi car certains avaient bouté le feu aux ruines des deux maisons qui s'étaient fait démolir.
C'est alors que les keufs ont arrêté une personne sans aucune raison (celle-ci n'étant pas spécialement véhémente) et puis une autre qui avait mis des briques au milieu de la nationale. Deux arrestations administratives, donc théoriquement il n'y aura pas de poursuite. C'est là que les choses se sont corsées et il y a eu une charge ; les flics-robocops ont repoussé les protestataires en face de l'autre côté de la nationale (côté quartier de la baraque). Là-bas ils ont sauté sur une personne (apparemment qui criait beaucoup mais c'est tout). Ils l'ont évidement roué de coup. Il a par la suite fait établir un certificat médical attestant des coups reçus, on me dit que plainte sera déposée.
Ensuite ils ont appelé une autre personne pour dialoguer mais quand celui-ci est arrivé à hauteur du commissaire les robocops se sont jetés sur lui. Dans la mêlée, un flic est tombé et s'est pété la clavicule. Donc ces deux personnes ont été arrêtées judiciairement et le premier est accusé de "rébellion, outrage à agent" et le deuxième de "violence sur agent ayant entraîné une incapacité de travail". Voilà où ça en est pour l'instant, les deux maisons sont totalement mises a plat, mais c'est pas fini... »
Sa compagne nous relate la journée à sa façon :
« Cette journée du 5 septembre s'annonçait comme une dont il fallait profiter avant l'arrivée de l'automne, pourtant certains n'en ont pas eu l'occasion. Les occupants du squat 111 ont subi un réveil des plus animés. Pour eux, ce matin, ni eau ni électricité, mais par contre un bulldozer et quelques policiers pour leurs annoncer que les deux maisons dont ils occupaient le terrain, allaient être démolies sans autre forme de procès. Quelques squatteurs vigilants ont eu la présence d'esprit de vérifier qu'il n'y avait personne dans les maisons heureusement, sans ce réflexe, un nouvel « incident » aurait été à déplorer...
Après avoir évacué ce qui pouvait l'être, dans la précipitation, les occupants se sont rassemblés au milieu de la nationale pour observer le massacre. En quelques heures, il ne reste qu'un tas de gravas de ces maisons centenaires que la logique économique a rendues insalubres. Des représentants de l'UCL (proprio des maisons) sont sur place mais aucun ne daigne parler aux principaux intéressés.
Des personnes extérieures au squat ont rejoint les occupants par solidarité avec eux. Cette démarche reste obscure pour les forces de l'ordre qui ont interpellé (verbalement) une de ces personnes de la manière suivante: « Vous habitiez là monsieur? Non, alors en quoi ça vous concerne?... » Là ça a causé solidarité, respect des êtres humains, réflexion sur le rôle qu'on joue dans notre société... Quand je dis « ça a causé », évidemment c'est pas le flic qui a dit ça, c'est l'interpellé. Ce flic lui a répondu que c'était un beau discours et qu'il respectait ces opinions, mais que la sienne d'opinion, il pouvait pas la dire dans le cadre de son boulot. C'est vrai que ça fait toujours tache de dire au milieu d'une foule de squatteurs-hippies-punks-libertoïdes qu'on est un gros facho, que les squatteurs c'est la vermine de notre société et qu'ils ont eu ce qu'ils méritaient.
Et puis les squatteurs ont eu l'idée de barrer la route aux véhicules sur la nationale et ça a pas plu à certains. Alors le ton est monté et le médiateur urbain (ex commissaire de gendarmerie), à la solde de l'UCL, a dit aux squatteurs de se calmer. Ben oui quoi! Restons calmes. C'est pas parce qu'on vous laisse sans eau et sans électricité et qu'on vous a pas laissé le temps de sauver vos pauvres affaires que vous aller nous en chier une pendule ! Il est plein de bon sens ce médiateur. C'est vrai quoi, les squatteurs : gardez votre hargne pour le jour de l'expulsion dont cette journée du 5 septembre n'était qu'un avant goût... »
Kreatura