Lausanne : Menace d'évacuation sur le squat du Grand-Pré 2 |
Le juge Bosshard donne 10 jours de délai aux squatter-euse-s, mais celles-ceux-ci ne l'entendent pas de cette oreille.
Rappelez-vous, le 27 septembre 03 dans le quartier de Malley à Lausanne, les anciens entrepôts de la Poste sont occupés. Celle-ci a porté plainte et demandé des mesures provisionnelles pour obtenir notre départ. Une séance au tribunal civil a eu lieu le 4 décembre. Lors de l'audience, aucun arrangement n'a pu être conclu. Les occupantEs ont réitéré leur disposition à signer un accord garantissant leur départ au début des travaux et pas avant. La Poste a refusé, mentionnant une nouvelle fois l'impossibilité de vendre une parcelle occupée. Pourtant, une convention signée aurait très bien pu être un argument donné à de futurs acquéreurs pour lever leurs réticences.
Le juge a rendu son verdict le 11 décembre et nous sommes dégoûtéEs. Un délai de 10 jours nous est donné pour quitter les lieux, au-delà duquel le juge pourra ordonner l'évacuation par la force. Cette décision est encore plus dure que ce qu'exigeait la Poste, pour qui un délai au 16 janvier était acceptable (trop aimable...) Nous allons tenter de faire recours contre cette décision scandaleuse, tout en essayant d'obtenir du soutien politique. Pour la suite, si l'évacuation se confirme, on vous donnera des news sur les actions prévues. Ne prévoyez donc pas de grands voyages lors des fêtes, mais venez participer joyeusement (ou rageusement) à nos promotions de sports d'hiver gratuits. Pas question de laisser ces bâtiments à la merci de la spéculation immobilière!
Nous joignons la lettre lue au tribunal le 4 décembre.
Le collectif « Comme une lettre à la poste » a choisi de vous exposer son point de vue et son argumentation par une tierce personne au travers de cette lettre.
Nous réitérons notre position communiquée dès le premier jour de l'occupation : libérer les locaux lorsqu'un projet abouti se concrétise, avec la garantie que la démolition et la construction suivent immédiatement notre départ. Dès le début, nous avons communiqué à la Poste notre volonté d'entrer en matière sur ces bases. Celle-ci a malheureusement refusé tout dialogue avec nous.
Le calendrier fourni par la Poste ne comporte aucune garantie quant à un début réel des travaux et ne peut être un élément de preuve quant à une situation d'urgence légitimant une expulsion. La Poste affirme que l'occupation de cette maison empêcherait sa vente. De nombreuses situations similaires dans la région lausannoise, réfutent l'argument du propriétaire. Nous citons pour preuve les exemples suivants : maison occupée située Avenue Tivoli 42 bis, rachetée à la Banque Cantonale Vaudoise par un particulier, maison occupée située Chemin de la Cigale 6, rachetée à un particulier par un autre particulier, maison occupée située Chemin de la Colline 2, rachetée à plusieurs reprises durant la période d'occupation. Les ventes immobilières se font avec ou sans usagers-ères dans les locaux. Ceci n'influence pas le rythme du marché.
La Poste utilise actuellement l'étage inférieur de la halle comme surface de stockage et de transition pour les fournitures des offices régionaux fermés. Jusqu'à ce jour, les contacts avec les employés se sont toujours bien déroulés. Nous nous engagons une nouvelle fois à ne pas les déranger dans leur travail ni à pénétrer dans cet étage.
De plus, suite à une discussion avec les Services Industriels de la Ville de Lausanne, les factures d'eau et d'électricité, dans les locaux que nous occupons et depuis la date de l'occupation, sont entièrement à notre charge. Nous déchargeons également la Poste de toutes responsabilités en cas d'accident dans ces locaux.
En conclusion, nous maintenons notre position et revendiquons le fait de rester dans ces lieux tant qu'aucun projet réel (possession des permis, garanties financières, calendrier des travaux) ne soit concrétisé. Nous dénonçons la spéculation immobilière qui a pour résultat de laisser des maisons et des locaux commerciaux vides en période de pénurie de logement. Crise qui ne cesse de s'aggraver, avec un taux de vacance proche de zéro, maintenant des loyers exorbitants. Le logement n'est pas une marchandise que l'on peut raréfier à volonté, mais un droit que nous revendiquons. Nous opposons donc le droit d'usage au droit de propriété.
Chaque personne devrait avoir un réel pouvoir de décision et d'action sur l'espace où elle mène sa vie, sa maison et plus largement son quartier.
Le collectif « comme une lettre à la Poste »