Italie : Plusieurs squats perquisitionnés par les Ros et la Digos |
27 juillet : Nouvelle vague répressive contre des anarchistes en Italie
Une centaine de perquisitions, 34 mises sous enquêtes, 4 incarcérations
Le 27 juillet 2004 à l'aube, a eu lieu dans toute l'Italie la énième opération répressive contre des anarchistes, menée cette fois conjointement par les Ros et la Digos [services de renseignement des carabiniers et de la police]. Sur ordre du juge d'instruction romain Guglielmo Montoni suite à la requête du procureur du pool antiterrorisme Salvatore Vitello, une centaine de personnes ont été perquisitionnées, dont 34 mises sous enquête pour « association subversive à finalité terroriste et subversion de l'ordre démocratique » (articles 270 et 270bis du code pénal). Parmi elles, 4 ont été incarcérées par le juge Montoni. Les mandats de perquisition ont concerné différentes zones d'Italie, dont Rome, Viterbo, Soriano nel Cimino, Latina, Torre del Greco (près de Naples), Pisa, le Canavese et le Trentino, et plusieurs lieux squattés : l'Ateneo di Dragoncello, le Bencivenga 15 Occupato, Torre Maura à Rome ; La Rrosalia à Turin ; Il Casello Squat à Cervia et Il Confino à Cesena.
Le but officiel était de rechercher les auteurs de différentes attaques explosives : le 17 juin 2003 contre l'institut espagnol Cervantes à Rome, le 4 novembre 2003 contre la caserne de carabiniers via S. Sirico à Rome, où le carabinier Stefano Sindona a perdu deux phalanges (pouce et index de la main droite) en ouvrant le colis piégé, le 19 janvier 2004 contre le tribunal de Viterbo.
Les quatre anarchistes arrêtés, âgés de 22 à 27 ans, sont : * Marco Ferruzzi, « Tombolino », arrêté à Torre del Greco et incarcéré à Naples, accusé d'avoir envoyé le colis piégé le 4 novembre 2003 à la caserne de carabiniers (« fabrication et envoi d'explosif » plus « tentative d'homicide aggravée ») et un second qui a été désamorcé le même jour, à la préfecture de Viterbo. « Tombolino » venait juste d'être condamné à un an de prison pour le tabassage d'un carabinier en civil lors de la manifestation du 4 octobre 2003 à Rome contre la conférence intergouvernementale de l'Union Européenne,. * Davide Santini, « Tittarello », et Simone Del Moro, accusés d'avoir posés une bombe artisanale contre le tribunal de Viterbo le 19 janvier 2004. Le premier est incarcéré à Aoste et le second à Rome. La « preuve » des flics serait un extrait de conversation intercepté par micro-espion où l'un d'eux se vanterait de l'acte devant deux copines ! Dans un communiqué du lendemain des arrestations, Angela et Federica, les deux compagnonnes en question, précisent que « la conversation reconstruite dans les actes d'accusation est fausse, instrumentalisée et construite à propos. Nous n'entendons pas participer à cette opération. Et ceci, non pas pour renforcer la thèse de la défense, mais au nom de notre intégrité et dignité personnelle ». * Sergio Maria Stefani, arrêté à Arezzo et incarcéré à Rome, accusé de détention de poudre noire et de la diffusion d'un livre-recettes, « A ciascuno il suo, 1000 modi per sabotare questo mondo » [A chacun le sien, 1000 façons de saboter ce monde]. Il se trouvait déjà aux arrestations domiciliaires sur ordre de la magistrature d'Arezzo pour une attaque incendiaire contre une boucherie datant du 19 mars 2004.
Bien entendu, la presse italienne s'est comme d'habitude lâchée, ressortant par exemple la thèse du « double niveau » (activités publiques et attentats de l'ombre) d'un milieu « anarcho-insurrectionnaliste » déjà avancée lors de l'enquête Marini en 1996, ou celle de connexions internationales avec des « terroristes » anarchistes espagnols, grecs (voire suisses, anglais, allemands ou français en fonction des journaflics). Enfin, bien qu'elle ne soit pas citée formellement dans les actes de mise sous enquête pour « association subversive », plane l'ombre de la Fédération anarchiste informelle (Fai), qui a notamment revendiqué des lettres piégées expédiées en décembre 2003 à Romano Prodi, alors président de la commission européenne, des députés européens, Europol, Eurojust ou la Banque Centrale Européenne.
Lors de la conférence de presse qui a suivi l'opération, le colonel Luigi Arnaldo Cieri, commandant de la section anti-criminelle des Ros de Rome, a déclaré que les personnes enquêtées étaient « l'aile extrémiste du mouvement anarchiste. Ils sont plus dangereux que les Brigades Rouges parce qu'ils sont disséminés sur tout le territoire et n'ont pas de structure de commandement. Leurs caractéristiques sont le spontanéisme, l'imprévisibilité et l'immédiateté ». C'est avec de tels constats que l'Etat cherche donc encore une fois à construire une « association subversive » dont il déterminera lui-même les structures, le rôle de chacun et les attaques -souvent anonymes- qui s'y rattachent !
On peut écrire aux compagnons incarcérés :
Simone Del Moro / Sergio Maria Stefani Cc Regina Coeli Via della Lungara, 29 00165 Roma (Italie)
Davis Santini Cc Aosta Località Les-Iles Brissogne 11020 Aosta (Italie)
Marco Ferruzzini Cc Poggioreale Via Nuova Poggioreale, 170 80143 Napoli (Italie)
[synthèse effectuée à partir de la presse italienne du 28 juillet et des communiqués des personnes/lieux perquisitionnés sur http://anarcotico.net]
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