Grenoble: Retour sur l'expulsion du Caddie-Yack |
Nous voulons des lieux de vie, pas des dortoirs !
Depuis une dizaine de jours l'immeuble du 38 rue Pascal, baptisé le "Caddie-Yack" avait réouvert ses volets alors qu'il était inoccupé depuis plus d'un an et demi. Ses habitant-es souhaitaient en faire un lieu ouvert sur le quartier à travers des événements ponctuels (repas, séances de cinéma, concerts, réunion, ...) et des ateliers permanents (vélo, bibliothèque, zones de gratuité, ...). Ils et elles voulaient surtout faire de cette maison un vrai lieu de vie et de convivialité loin des quelques "logements-dortoirs" mis en place par les pouvoirs publiques.
Trop audacieux pour eux...?
La mairie de Grenoble, propriétaire des lieux, s'est empressée d'expulser sans aucune procédure ni tentative de dialogue avec les occupant-es. Vendredi 17 octobre dans la matinée, un huissier était venu constater l'occupation des lieux, ce qui signifie que la maison était reconnue comme leur domicile et qu'une expulsion n'aurait pas du avoir lieu sans décision de justice. La "Brigade Anti Criminalité" (BAC) a pourtant violemment fait irruption le soir-même et, faute de parvenir à défoncer la porte, a embarqué en garde-à-vue deux personnes se trouvant à l'extérieur de la maison. Mardi 21 au matin, la rue est cette fois bouclée et c'est avec beaucoup d'agressivité que les policiers, nombreux, armés et accompagnés de chiens, se chargent de vider les lieux. 9 personnes sont emmenées au poste pour la journée et la maison referme ses portes.
Stop à la criminalisation des logements précaires !
Cet automne, les expulsions de squateur-es se sont multipliées. Non contentes de mettre des dizaines de personnes à la rue à l'approche de l'hiver, les autorités se sont lancées dans une entreprise de criminalisation renforcée de ces occupations, en plaçant systématiquement les expulsé-es en garde-à-vue.
En contournant le droit au logement et en prétextant des délits imaginaires pour expulser, enfermer, ficher et assigner en justice, ces pratiques marquent une avancée considérable des logiques répressives. Elle se généralisent dans la région grenobloise depuis quelques mois. Même lorsque les municipalités ne sont pas propriétaires des lieux, elles sont avisées des expulsions et peuvent les empêcher, ce qu'elles ne font jamais. Pour l'expulsion du Caddie-Yack, la police et la municipalité ont même uni leurs forces mettant en porte-à-faux l'école Malherbe contrainte de collaborer à l'expulsion (des policiers se sont préparés dans la cour de récréation en revêtant des uniformes au logo de la Mairie par dessus leurs brassards de police!).
Parlez-en à vos voisin-es ! Expliquez à vos enfants qui ont vu partir les fourgons que la police n'arrête pas que les bandits mais aussi celles et ceux qui cherchent un toit, celles et ceux qui contestent, celles et ceux qui n'ont pas de papiers. Imaginez ce que vous aimeriez voir fleurir dans cette maison vide ! Demandez-vous pourquoi ils nous tiennent sans cesse par la menace et la peur ! Téléphonez à la mairie de Grenoble pour manifester votre colère ! (04 76 76 36 36) Faîtes vivre les maisons vides !
Fin oct. 2008