Grenoble: L'occupation annuelle de GEG... |
Matin du 20/11/2004, entre 11h30 et 14h30
Une vingtaine de personnes occupent l'agence commerciale de GEG (Gaz
Electricité de Grenoble), place Vaucanson, pour réclamer l'électricité
pour La Mèche, squat fraîchement ouvert dans Grenoble (voir http://squat.net/fr/news/grenoble_a021104.html)...
Rappelons qu'à Grenoble, GEG jouit jusqu'en 2007 pour le service aux
particuliers d'un monopole, qui lui permet régulièrement, sur simple
demande du propriétaire, de couper l'électricité aux squats qui la lui
réclament et qui veulent bien lui payer ses kilowatts nucléaires...
L'occupation s'est déroulée assez tranquillement, entre tapissage de
l'agence avec nos tracts (voir ci-dessous), détournement des brochures
commerciales, et goûter au milieu de cette grande salle suréclairée et
surchauffée... Le directeur de permanence, prévenu par les employés,
ramène
au bout d'une petite demi-heure sa fraise, on lui explique la situation,
et il commence à se renseigner sur notre situation...
Une semaine plus tôt un technicien de chez eux était venu nous poser
l'élec, nous devions recevoir le contrat dans les jours qui suivaient,
deux jours plus tard, on nous la coupait sans nous prévenir... Nous
apellons GEG, qui nous annonce que c'est sur demande du service
foncier de
la mairie, notre proprio, qu'on nous la retire...
Le directeur consulte ses fichiers, et, surprise, constate que nulle part
n'est fait mention du passage du technicien venu nous poser l'élec, mais
uniquement du passage de celui qui nous l'a coupé... ni une ni deux le
dirlo collabo nous accuse d'avoir piraté le courant... AAAArgh, de plus il
ne peut rien faire pour nous, soi-disant, puisqu'on est samedi, que le
siège social est fermé, qu'il ne peut trouver personne pour lui confirmer
notre bonne foi... Il retrouve tout de même la trace de notre premier
appel
pour demander le jus, et modère ses accusations... Nous commençons malgré
tout à l'exaspérer et voilà qu'il apelle les flics; nous faisons traîner
tant que nous pouvons, mais notre nombre étant bien peu important, et lui
assez intransigeant, nous sommes bien obligé-e-s de nous carapater, non
sans avoir distribué nombre de tracts aux passant-e-s pas passioné-e-s...
A la suite de cette action, nous sommes un peu mi-figue mi-raisin. On
sait
qu'auparavant les 400 couverts, comme Golgoth-a-XXX ont elleux aussi
occupé GEG, les ont harcelé pour avoir l'élec', toujours interdite sur
demande du proprio, actions fructueuses pour les 400, pas pour
Golgoth-a-XXX... Faudra t-il toujours brûler notre énergie pour avoir la
leur?
Pour nous en tout cas, l'affaire est à suivre,
et La Mèche, maison occupée, enchantée, en chantier, continue
d'étinceler...
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Voici le tract distribué aujourd'hui:
ILS N’ETEINDRONT PAS LA MECHE…
La GEG est un service public totalement au service de la propriété
privée.
Sa politique est de refuser un contrat d’électricité à des squats ou à
des
locataires qui veulent bien la payer. Par exemple les habitants de la
Mèche, squat d’habitation et d’activités ouvert depuis fin octobre 2004,
au 1 de la rue Ponsard. Grâce à la GEG, nous n’avons plus d’électricité.
Nous goûtons au plaisir de s’éclairer à la bougie et de se chauffer comme
on peut en dépit des risques que ça implique (incendies, intoxications,
froid…), alors que nous ne faisons, au final, qu’utiliser des espaces
délaissés par leur propriétaire depuis plus de deux ans. La GEG, en nous
retirant les fusibles sur demande du service foncier de la mairie,
reconnaît être soumise aux propriétaires et aux riches, et assume
ainsi sa
position moraliste et idéologique de juger le bien-fondé ou non d’une
occupation. Ce « service public » ne prend même pas la peine de
respecter les quelques
miettes juridiques que le système judiciaire veut bien laisser aux moins
puissants. L’article 23 du cahier des charges des concessionnaires
d’énergie est délivré par un organisme qui regroupe les « collectivités
territoriales » (FNCCR). Il dit clairement qu’un prestataire de services
comme la GEG est obligé de fournir un contrat à des personnes qui en font
la demande. Au passage, la GEG fait aussi fi de l’article L-122-1 du
code de la
consommation ou de l’article 1123 du code civil qui disent qu’en gros, on
n’a pas le droit de refuser la vente d’un produit qu’on
propose. Pourtant, la GEG n’a de cesse de cultiver une image généreuse
et «
solidaire » pour se donner bonne conscience : « Un acteur économique
majeur, solidaire et engagé…Gaz Electricité de
Grenoble : une entreprise citoyenne…respectueuse de l’environnement…et
solidaire vis-à-vis de tous… En 1998, Jean-Paul Giraud, président de GEG
et Michel Destot, député-maire de Grenoble depuis 1995, se sont
concrètement engagés auprès des personnes en difficulté et ont décidé de
maintenir la fourniture d’énergie aux personnes en situation de
précarité… »(Source : Energies Grenoble n°3, juillet 2003)
GEG méprise les pauvres et les méprise encore plus lorsqu’ils ne peuvent
pas honorer leurs factures. Alors GEG n’hésite pas à les couper d’un
besoin vital, même en hiver. GEG préfère gaspiller l’énergie dans les
éclairages inutiles, comme ceux de Noël que de la donner à ces dernièrEs.
GEG est évidemment contre l’idée qui consiste à ce que les simples
individuEs s’approprient la gestion de leur quotidien. En tant
qu’entreprise à but capitaliste et en tant qu’institution, GEG impose ses
choix et ses méthodes, mais après tout c’est comme ça partout dans ce
système qui se veut hiérarchisé et institutionnel. GEG ne prend pas en
compte les indviduEs en s’octroyant le droit de leur vendre (ou non) une
ressource vitale qui devrait appartenir à touTEs. GEG pousse même le vice
jusqu’à leur vendre un produit qui peut leur nuire et les dépasser en
faisant en sorte qu’illes en soient dépendantEs. Rares sont celles et
ceux
qui peuvent échapper à la logique du nucléaire, n’est-ce pas ? Ni la
GEG, ni la mairie ne peuvent se substituer aux instances judiciaires
(qui ne se privent pas non plus d’expulser, punir, au service elles aussi
de la propriété privée). Nous occupons aujourd’hui l’agence Vaucanson,
agence commerciale de la GEG, pour lui réclamer l’électricité, pour
faire
craquer sa façade, et pour que sa politique d’exclusion ne soit pas
passée
sous silence.
Il faudra plus qu’un retrait de fusible pour nous rendre invisibles.
Vous aurez beau lui couper le courant, vous n’êtes pas prêts
d’éteindre la
Mèche !
La Mèche