Grenoble: Les squatteur-euse-s des 400 couverts répondent à la proposition de médiation de la mairie Grenoble |
LES SQUATTERS DES 400 RÉPONDENT À LA PROPOSITION DE MÉDIATION DE LA MAIRIE DE GRENOBLE
Contact : collectif des 400 couverts
4, 6, 8, 8bis, 9, 10 traverse des 400 couverts – 38 000 Grenoble
mail : 400crew@free.fr
contact : 06 87 02 58 44
Dossier de presse :
http://grenoble.squat.net/400couverts-Dossier_de_presse_2005/dossier_presse_imprimable.pdf
Site web :
http://grenoble.squat.net/
Photos :
http://grenoble.squat.net/400couverts/
Après avoir demandé le concours de la force publique pour expulser les squatters des 400 couverts, la mairie de Grenoble nomme un médiateur pour les convaincre d'abandonner les lieux sans mots-dire et avec le sourire.
Cette médiation a lieu aujourd'hui, entre René Rizardo, élu des années Dubedout désigné par la mairie, et les squatters. Le texte ci-dessous résume les positions qui seront portées par les squatters à cette occasion et propose une analyse critique de ce dispositif de médiation.
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Médiation : opération de communication
Le squat des 400 couverts, c'est une petite ruelle du centre ville de Grenoble squattée depuis bientôt 4 ans. Lieu d'habitation pour 25 personnes et d'organisation de nombreux événements publics, c'est un espace d'expérimentation de pratiques autogestionnaires et conviviales, contestataires et hors des circuits marchands.
La mairie de Grenoble, propriétaire des lieux, a décidé de s'en débarrasser en entamant une procédure d'expulsion. Le Tribunal de Grande Instance lui a donné raison en ordonnant notre expulsion immédiate le 8 juin dernier. Depuis lors, nous attendons, matin après matin, l'arrivée des "hommes en bleu".
Mais parce qu'il serait trop facile pour M. Destot et ses sbires de s'en tirer toujours avec des expulsions en catimini au beau milieu de l'été, nous sommes déterminé-es à empêcher cette expulsion ou, du moins, à tout faire pour qu'elle ne soit pas passée sous silence. Aucune manœuvre médiatique, aucune menace judiciaire des propriétaires, aucune stratégie de culpabilisation des pauvres, ne doit invisibiliser le cortège de violences sociales et policières qui accompagne les expulsions.
Nous refusons de quitter les lieux et de nombreus-es voisin-es, ami-es, associations et collectifs nous ont fait part de leur actif soutien. Pour ces raisons, et par peur d'une expulsion-scandale, la mairie propose, après trois semaines de silence, le recours à un médiateur, afin de parvenir à "l'évacuation des locaux tout en évitant l'expulsion".
NOUS REPONDONS QUE NOUS SOMMES D’ACCORD POUR EVITER L’EXPULSION !
*** Diviser pour mieux régner ***
Un des arguments de la Mairie porte sur "l'individualisme des squatters qui s'opposent à la construction de logements sociaux". Nous ne sommes pas contre les programmes de logement social, même si nous avons beaucoup à en redire, et que nous aspirons à poser à la racine le problème de la "crise" permanente du logement.
Que l'on s'entende bien : les obstacles principaux à la construction de logements sociaux ne sont pas 25 squatters, mais bien des budgets municipaux ridicules à côté de ceux alloués à la communication ou à des constructions de prestige. Les problèmes de logement sont le fruit de choix politiques. Les décideurs tentent de faire oublier leurs responsabilités en divisant la population, en montant les gens les un-es contre les autres. Locataires contres squatters, salarié-es contre chômeur-euses, nationaux contre étranger-es... Nous sommes solidaires de fait des personnes rencontrant de grandes difficultés d'accès au logement, notamment par notre participation au collectif "Défends-Toit", regroupement de collectifs et de personnes confrontées à des difficultés de logement.
*** Les bulldozers de la norme ***
Mais au-delà de cette question, c'est bien de l'autonomie des personnes dans leur choix d'habitation dont il est question. Ce qui dérange les autorités, c'est que des gens sortent de la norme et décident par eux-mêmes. Ainsi la mairie de Grenoble expulse en plein hiver des gens qui campent sur les berges de l'Isère ou encore des gens du voyage qui logent en caravane sur une friche inoccupée depuis des années. Certes, pour une part, ces personnes aimeraient probablement avoir d'autres possibilités de logement, mais pour les autres, il s'agit bien d'un choix de mode de vie.
Pourquoi ces choix ne seraient-ils pas audibles ? Pourquoi ne pourrait-on pas vivre dans un collectif de 15 personnes ? Entre générations différentes ? Avec des animaux ? Entre femmes ? Pourquoi n'y a-t-il aucune place pour des expérimentations différentes selon les besoins de chacun-e, en matière de logement, mais aussi de création, d'espace de rencontres ?
Le squat des 400 couverts est un de ces terrains d'expérimentation et d'invention d'une autre ville. Notre initiative ne s'oppose pas à un projet de logements sociaux mais défend la construction d'une autre culture de vie répondant à des valeurs de solidarité et de partage, articulées sur la critique d'un monde capitaliste, marchandisé et autoritaire.
*** Une médiation pour l'image ***
Proposer une médiation rentre dans la stratégie municipale de communication cherchant à s'assurer une "sortie honorable" à cette crise sans assumer ses responsabilités. Elle utilise pour cela sa carte joker "René Rizardo" : cet ex-directeur de l'Observatoire des Politiques Culturelles et ex-adjoint à la culture de Dubedout, est connu pour les rôles de "médiateur" (ou "pacificateur de conflits sociaux") qu'il a tenu dans les années 1970.
Il va sûrement essayer de négocier le départ volontaire des squatters en échange d'un relogement temporaire. Ces propositions posent de sérieuses questions de fond sur les différences de traitement. La Mairie propose-t-elle des médiations pour les squats moins connus ? Les réfugié-es et autres sans-papier-ères qui restent des mois ou des années sans logement ont-ils droit à des médiateurs de prestige comme M. Rizardo ? Et la mairie a-t-elle pensé à faire des propositions concrètes à ces gens dans le besoin dont elle se dit si préoccupée ? En réalité, la Mairie n'a rien à gagner en proposant un arrangement à des gens dont on n'entend jamais parler. L'intérêt des ses gestes de générosité est de :
- Faire disparaître discrètement des squatters qui font trop de bruit, en ignorant et méprisant tout ce qui fait leur projet.
- Donner une image ouverte de la politique municipale qui permet de légitimer d'autres actes moins glorieux.
Pour le cas des 400 Couverts, la Mairie sait pertinemment qu'elle ne peut apporter aucune solution réaliste. Mais, en communiquant autour de sa pseudo-proposition, elle nous fera passer pour "fermé-es au dialogue", alors que, jamais, elle n'a essayé de comprendre notre démarche. Une fois de plus la Mairie de Grenoble montre son grand mépris à l'égard des initiatives alternatives et cherche la parade qui lui permettra d'anéantir le squat des 400 couverts tout en sauvant les apparences.
*** Nettoyage de la ville ***
Les élus socialistes choisissent le mois de juillet et les vacances d'été pour régler leurs comptes avec leurs oppositions par une tentative d'éradication de la mouvance des squats politiques à Grenoble. Des lieux comme la Kanaille, la Mèche, Bora-Bora, Resistor, Le Schmogul, les 400 couverts ont été ou vont prochainement être expulsés. Les méthodes sont les mêmes que celles employées contre les opposants au grand stade en 2004 ou ces derniers jours vis-à-vis du média d'enquête critique "piecesetmaindoeuvre.com" : police et intimidation. Régler les problèmes à coup de descente de police, merci bien ! ben bravo ! Non mais...
*** Nous n'avons rien à négocier ***
Concrètement, la traverse des 400 Couverts, sa vie sociale, sa situation dans un quartier précis, et tout ce qui y a été construit matériellement, ne peut pas disparaître. C'est une chose « unique », intransportable, indéplaçable d'un coup de baguette magique. Une rue au centre-ville, entièrement organisée autour de principes rares dans cette société, un foisonnement de projets solidement installés... une cohérence à l'échelle d'une rue. Ce qui s'est créé ici est une alchimie fragile entre un espace, des constructions physiques et des liens sociaux.
Il n'y a pas de relogement possible aux 400 couverts. Il n'y a pas de proposition acceptable de la part de la mairie. Nous continuerons à défendre la traverse des 400 couverts et toutes les pratiques d'occupation et de recherche d'autonomie.
Les 400 couverts