Genève: La Tour ne se laisse pas prendre


Communiqué de presse du collectif la Tour

18 juillet 2007

Suite à l’évacuation du squat de la Tour, nous portons plainte pénale contre le propriétaire de l’immeuble Monsieur José Otero pour violation de domicile, dommage à la propriété et soustraction d’une chose mobilière.

En effet, aucun jugement d’évacuation n’a été rendu alors que, selon la législation suisse il s’agit d’une condition indispensable pour priver toute personne de son logement. Toujours selon cette même législation, en parallèle des lois protégeant la propriété privée, il existe aussi des lois protégeant les habitants. Nous sommes actuellement d’un point de vue légal les habitants du 4 rue de la Tour. D’ailleurs, selon la police, il ne s’est agit que d’un contrôle d’identité, et non d’une évacuation, pourtant l’accès à notre domicile nous est depuis lors refusé. Par conséquent, lorsque Monsieur José Otero et toute personne ayant participé à l’évacuation vont et viennent dans notre domicile sans notre consentement, ils se trouvent en violation de domicile. Non contents de cela, le propriétaire, ses ouvriers, son avocat, la police genevoise et les agents de sécurité privés s’en sont pris à nos affaires collectives et personnelles, les détruisant et les faisant disparaître à tout va, et ont rendu le lieu inhabitable.

Nous portons également plainte contre les membres du parquet du Procureur général Daniel Zappelli pour les mêmes motifs, ainsi que pour abus d’autorité et violation du secret de fonction. Il ressort des déclarations publiques du Procureur général que l’évacuation des habitants, déguisée en simple contrôle d’identité avait été organisée par le Parquet, en collaboration avec le propriétaire Monsieur Otero.

Les témoins ont également pu constater une très étroite collaboration entre les forces de police et les entreprises mandatées par le propriétaire. En particulier, l'huissier mandaté par le propriétaire est arrivé sur les lieux quelques minutes après la première vague d’arrestations effectuées dans l'immeuble et a travaillé sous protection policière. Lorsqu’il s'est retrouvé face à face avec l'un des habitants encore présent dans l’immeuble, la police est immédiatement intervenue pour arrêter celui-ci. L’huissier a ensuite certifié que la maison était vide malgré la présence de cet habitant, une dizaine de lits encore chauds et une cafetière bouillante sur le feu.

Enfin, les entreprises qui ont installé les grillages autour de la maison, ainsi que les autres entreprises qui ont travaillé sur les lieux, sont arrivées dans les minutes qui ont suivi l'arrestation des habitants et ont également travaillé sous la protection de la police.

Une telle opération n'aurait pas été possible si un ou plusieurs membres du Parquet n'avaient pas communiqué à Monsieur Otero le détail des plans d'intervention de la police. Il y a donc visiblement violation du secret de fonction.

De plus, en agissant de la sorte, un ou plusieurs membres du Parquet ont manifestement voulu favoriser les intérêts du propriétaire qui ne bénéficiait d’aucun titre d’évacuation. Il y a donc eu abus d'autorité.

Enfin, en organisant une telle opération, un ou plusieurs membres du Parquet ont été complices ou instigateurs de violation de domicile, dommage à la propriété et soustraction de chose mobilière.

Ces constatations nous obligent à récuser l’ensemble des membres du parquet, qui, sinon, se retrouveraient juges et parties. Nous demandons qu’un procureur suppléant soit désigné afin d’instruire cette affaire.

Finalement, étant toujours légalement les habitants du 4, rue de la Tour, nous demandons également au procureur suppléant d’ordonner notre réintégration dans l’immeuble.

Cet ensemble de mesures judiciaires peut surprendre, tant on a l’habitude que le petit peuple se laisse voler, évacuer, licencier, flouer en silence, tant on a l’habitude qu’il se tasse et ne rende pas les coups qu’il reçoit quotidiennement. Les propriétaires immobiliers, les patrons, les dirigeants politiques, la police, la justice, s’acharnent à faire appliquer pointilleusement les lois chaque fois qu’elles peuvent servir leurs intérêts en limitant nos libertés.

On verra bien s’ils sont capables d’appliquer aussi ces mêmes lois lorsqu’elles ne servent pas leurs intérêts.

Collectif La Tour en exil provisoire


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