Genève: Expulsion de la Maison Bardonne |
Hier, mercredi 15 novembre 2006 à 8h, une équipe de 5 ou 6 flics ont arreté le seul habitant présent dans la maison Bardonne (quartier de la jonction) à ce moment là. Ensuite, le proprio, accompagné d'un huissier, lui a fait constater que la maison n'était donc pas habitée (bien qu'occupée depuis 8 ans) ; l'entreprise de déménagement mandatée par ce même véreux a alors évacué tout ce qu'avait l'intérieur de la maison : matériel, affaires personnelles, nourriture... et tout cela dans la matinée. Trois vigiles d'une société publique (ah non pardon, ce mot c'est pas dans leur vocabulaire) sont alors postés en permanence devant l'entrée.
Les seuls mots sensés que le spéculateur écervelé a pu prononcé pour se
défendre envers la trentaine de personnes venues en soutien furent :
- "Il y a 10 jours, j'ai écrit au procureur général et au juge d'instruction
pour leur dire qu'au prochain contrôle de police, si la maison était
vide, nous récupérions la maison"
- "Eh, connard, une personne qui habite, et que t'as trouvé devant ton
nez,
c'est synonyme de maison vide ; t'es vraiment con ou t'as jamais fait de
maths"! (euh, ça ça a pas été dit comme cela sur place mais cela me
dérage
un peu...)
Aujourd'hui, jeudi 16, à 12h, comme depuis 3 semaine une cantine populaire était organisée (devant la maison cette fois, et plus dedans!). Elle a été agrémantée d'une banderole sur le portail d'entrée "Expulsion qui détruit notre quartier" ; et d'une réoccupation symbolique du jardin pour terminer notre repas au vert, apres avoir évacué les 3 "sécuritas", retirer une partie du grillage et les 2 pancartes "Securité HD-zone privée". La milice privée appellant à la rescousse la milice d'état, nous mettons les voiles à 13h30 lors de l'arrivée de 2 brigadiers de la police des squatts! Est ainsi évité tout controle d'identité ou arrestation.
Cette évacuation de maison, qui devait être inaugurée en "centre social
autonome" mercredi prochain, est triste, bien sūr, comme toutes les
autres... Mais ce qui est important à relever est que c'est la 2ème
évacuation illégale depuis 1 mois à Genève (le procureur de la république
doit toujours signer un avis d'évacuation qui doit etre adressé aux
habitant-es minimum 2 semaines avant la date).
La première évacuation sauvage a eu lieu début octobre au squatt "La
mission" (quartier des Nations), ou le propiétaire (l'Etat) et quelques
flics avaient attendu que plus aucun-e habitant-e soit présente dans la
maison pour faire péter les serrures (au pied de biche?), les changer et
évacuer tout le matériel des squatteureuses de la maison ; ce n'est pas
sans étonnement que le soir venu, ils-elles se sont aperçues que l'Etat
avait resquatté la maison pour la louer à "un couple" en lieu et place
des 6 habitant-es, mais ils eurent le temps d'en discuter lors de leur
séjour au poste de flics!
Ce sont des pratiques que ne s'étaient plus connus à Geneve depuis 15 ans, moment ou l'Etat avait alors décidé de nommer 4 gardiens de la paix sociale (brigadiers de squatts-médiateurs entre propriétaires et habitantes) ; le procureur Sir Zapelli et ses sbires ont sonné, hier, le glas de la guerre de la propriété.
Nous sommes déjà plus de 50 au bout de 2 jours prêt-es a lutter... ça ne fait que débuter la résistance qui s'organise pour brūler la paisible bourgeoisie sociale genevoise.
Feu et flammes à suivre donc...
Iann