Dijon: Menaces d’expulsion sur la centaine de Roms occupant les casernes


Publié le 16 décembre 2009 sur Brassicanigra:
http://www.brassicanigra.org/contributions/menaces-d-expulsion-sur-la-centaine-de-roms-occupant-les-casernes-a-dijon.html

Le Tribunal leur a accordé 4 mois de délais le vendredi 11 décembre.

Cela fait plus d’un an que les anciens locaux de ravitaillement de l’armée dijonnaise, laissés à l’abandon par les institutions militaires, sont occupés par des familles roms. Le nombre d’occupants s’est accru à la fin de l’été jusqu’à atteindre une centaine de personnes, suite à l’expulsion de plusieurs autres squats et à la vague de répression orchestrée par les pouvoirs publics dijonnais au printemps dernier. Malgré une suite d’actions et de manifestations, le Maire, dénoncé en avril pour ses déclarations féroces au sujet des roms, ainsi que la préfecture, avaient refusé d’envisager toute solution pour revenir sur les dénis de droits et discriminations constantes que ceux-ci subissent en France.

Cela n’a pas empêché un certain nombre d’entre eux de tenter, malgré tout, de continuer à vivre à Dijon et de se regrouper dans les anciennes casernes qui bordent le pont Kennedy. L’EPIDE, propriétaire de ces établissements avait décidé de demander une procédure d’urgence pour les expulser avec assignation à référé au tribunal D’instance à Dijon. Cette institution publique issue de l’armée, qui se donne pour mission « l’insertion sociale et professionnelle de jeunes, âgés entre 18 et 22 ans, en difficulté scolaire, sans qualification ni emploi, en risque de marginalisation et volontaires au terme d’un projet éducatif global. », déclarait comme d’habitude devoir remettre à la rue les nombreux enfants, jeunes et adultes roms, pour leur plus grand bien : afin d’éviter qu’ils ne se fassent mal et risquent de tomber malade dans des locaux pourtant spacieux et habitables.

Comble du cynisme, durant l’audience du 20 novembre, un des arguments avancé par l’EPIDE pour expulser le plus rapidement possible ces nombreuses familles, était la nécessité de vendre ces terrains pour qu’il puisse y être construit une nouvelle prison... pour la réinsertion des jeunes ?

Dominique Clemang, l’avocat des familles roms, a défendu elle le droit au logement face au droit de propriété et argumenté sur les attaques constantes vis-à-vis des Roms... sans devoir aller chercher trop loin les illustrations : une des familles roms se rendant au tribunal venait de se faire sauter dessus par la police puis administrer des PVs pour avoir traversé en dehors des clous, comme à peu près n’importe qui, sauf quand on n’a pas le bon faciès.

Le juge a semble-t-il fait le choix de prêter l’oreille à une partie des arguments de la défense, puisqu’il a choisi d’accorder un délai de 4 mois, avant l’expulsion. 4 mois de plus avec un toit, 4 mois pour imaginer des solutions pour l’avenir dans les casernes ou ailleurs. A ce sujet, un collectif de soutien aux Roms vient de se reconstituer à Dijon, regroupant divers individus et associations, dont un certain nombre d’occupant-e-s de la caserne. Nous transmettons ici son communiqué suite à la décision du tribunal.

Pour participer à ses actions et réunions
mail : collectif-soutien-roms XHP brassicanigra.org
Adresse provisoire : MRAP, Maison des Associations-Bte Y3, 2 rue des corroyeurs, 21000 Dijon

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COLLECTIF DE SOUTIEN AUX ROMS

Le 11 décembre 2009 - COMMUNIQUE

L’EPIDE, propriétaire des anciens établissements de l’armée de la rue des Creuzots à Dijon, avait demandé par voie judiciaire l’autorisation d’expulser des familles Roms installées dans ses locaux, actuellement vides et inoccupés. Maître Dominique CLEMANG avait défendu ces familles en souhaitant qu’un sursis de 2 ans leur soit accordé. Le tribunal, prenant en considération la dignité humaine et soulignant l’extrême pauvreté et le passé douloureux de la communauté Rom, a décidé d’un sursis de 4 mois. Ce jugement, sans être totalement satisfaisant, tient compte, de fait, de la trêve hivernale, ce qui est rare pour des squatters. Le Collectif va mettre à profit ce délai pour agir avec les Roms d’une part pour le respect et l’avancée de leurs droits, d’autre part pour la recherche à moyen terme de solutions de logement durables et décentes.

Collectif de soutien aux Roms


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