Dijon : le Printemps arrive, les maisons se vident |
Le Printemps arrive, les maisons se vident
Depuis le début du mois d'octobre 2000, nous occupons le Pamplemousse, qui, vous le savez peut-être, est un squat situé au 18, rue du Midi, à Dijon. Largement dévastée, nous avons réaménagé cette grande maison pour en faire un lieu de vie qui nous convienne.
Vide et abandonné depuis plusieurs longues années, le Pamplemousse était alors très amer. Il a retrouvé un peu de tonus en découvrant de nouveaux habitants. Pourtant, la propriété privée étant considérée comme un droit inaliénable, les "propriétaires" du Pamplemousse ont décidé qu'il était bien mieux vide et décrépi qu'occupé et vivant. Nous avons donc été contraints de passer en procès très rapidement pour occupation illégale. Menacés d'expulsion dès le mois de juin 2001, nous avons réussi à repousser l'échéance et à atteindre la fameuse "trêve d'hiver" (période, qui, du 1er novembre jusqu'à la mi-mars de l'année suivante, rend officiellement impossible toute expulsion) grâce à quelques erreurs juridiques commises par l'huissier représentant les "propriétaires" du Pamplemousse. Mais la trêve d'hiver passée, nous étions de nouveau expulsables depuis le 15 mars 2002. Toutefois, nous avons convoqué un nouveau procès, pour le 7 mai prochain, dans le but d'obtenir de nouveaux délais. Il serait surprenant que nous soyons expulsés d'ici là... Mais avec ces oiseaux de malheur que sont les juges et les responsables des forces de l'ordre (la Préfecture, en l'occurrence), on ne sait jamais.
Nous voudrions également rafraîchir la mémoire de cette passive et terne ville de Dijon :
- En octobre 1999, une dizaine de personnes ouvre un squat au 3, rue Saumaise, y vit quotidiennement et y installe entre autres une bibliothèque accompagnée d'un salon de thé, le tout ouvert au quartier et à ses alentours. Après avoir laissé le lieu à l'abandon pendant 5 ans, le propriétaire lui manifeste un intérêt soudain, et s'empresse de traîner les habitant-e-s en procès; prétextant d'urgents travaux à accomplir. Le résultat est expéditif : le Saumaise est expulsé le 5 avril 2000, six mois après son ouverture... Ce squat, qui fut un lieu vivant et autogéré, n'a désormais plus aucun accès possible, pas même une porte. Allez faire un tour devant, et vous verrez combien les projets du propriétaire étaient réels, et nécessitaient donc l'expulsion des "vilain-e-s squatteur-euse-s" qui y logeaient.
- En septembre 2000, des femmes féministes ouvrent une maison abandonnée au 15, cours du parc, dans un des quartiers les plus bourgeois de la ville. De nombreuses activités y ont lieu, notamment en non-mixité. La maison était vide et abandonnée depuis plus d'une quinzaine d'années, mais la "propriétaire" de la Courdémone n'aura pas tardé à poursuivre en justice ses habitantes. Un an et demi après, la police expulse les habitantes de la Courdémone et le jour même, la maison est entièrement murée. A l'instar du Saumaise, le 15, cours du parc n'est plus que quatre murs et un toit. Quel beau projet que de transformer une maison en cube creux dans lequel personne ne peut entrer... Et dire que la propriétaire prétendait vouloir y habiter dans les plus brefs délais, justifiant comme souvent l'intervention policière par des mensonges grossiers.
Malheureusement, les expulsions sont monnaie courante, dans un monde qui a choisi d'accorder plus d'importance à des titres de propriétés virtuels qu'au bien-être réel des personnes. Chaque année, ce sont des dizaines et des dizaines de gens, squatteurs, squatteuses ou locataires précaires, qui subissent les expulsions.
Au Pamplemousse, nous ne nous faisons guère d'illusions quant à notre avenir. Le propriétaire nous l'a clairement annoncé : notre situation et nos projets l'indiffèrent, de même que cette maison, qu'il préfère condamnée plutôt qu'occupée. Pourtant, nous ne voulons pas nous résigner à une expulsion qui s'avérera tôt ou tard inévitable. Même si nous ne pourrons concrètement l'empêcher, il nous semble essentiel de montrer notre désaccord et de refuser la logique répressive. C'est pourquoi nous avons fait le choix de rester au Pamplemousse. Parce que la situation nous semble révoltante, nous nous permettons d'en appeler à votre solidarité. Vous voulez être prévenu-e le matin même de notre expulsion pour venir nous soutenir ? Laissez-nous votre numéro de téléphone et vous aurez l'immense honneur de faire partie de notre grande chaîne téléphonique de solidarité !
A bientôt !
mi-avril 2002, Pamplemousse
pamplemousse@squat.net
tél.: 03-80-48-01-14
la malokaliste <maloka@chez.com>