Dijon: La chasse aux Roms se poursuit ! |
### La chasse aux Roms se poursuit à Dijon !
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Pour rappel :
Les propos de M. Rebsamen, maire de Dijon, à propos des Roms :
http://www.leparisien.fr/politique/francois-rebsamen-les-maires-ont-raison-d-expulser-les-roms-03-09-2010-1053237.php
Le communiqué de la caisse du Collectif "Un toit pour toi" publié cet
été :
http://www.brassicanigra.org/contributions/squat-de-roms-expulsion-manquee-a-dijon-communique-de-un-toit-pour-toi-et-reponse-a-gilles-dupont-voix-de-la-police-au-bien-public.html
« Or je crains que ce type de manifestation n’aille jusqu’à demander à nos maires et nos élus d’installer eux-mêmes des campements de Roms dans nos villes ou de fermer les yeux sur certains squats... (...) L’occupation illégale de terrains publics ou privés n’est pas permise. Les maires ont raison de saisir la justice pour les expulser. Quant à l’expulsion du territoire français, il est du devoir d’un gouvernement de reconduire à la frontière des étrangers en situation irrégulière. Mais dans le respect des principes républicains, de la personne et de la dignité humaine. Et sans spectacle... » François Rebsamen, in "Le Parisien", vendredi 3 septembre 2010.
Les politiques annoncées cet été, de discrimination et d'expulsions groupées des Roms, ne représentent malheureusement qu'une intensification et surtout une visibilisation assumée des dispositifs répressifs déjà mis en place au quotidien par de nombreuses municipalités et préfectures en France. Dijon s'est tristement illustré à ce sujet ces dernières années, comme le rappelle encore le rapport publié récemment par l'association Roms-Europe.
En avril 2009, une dizaine de ressortissant-e-s roumain-e-s étaient arrêté-e-s à Dijon sous des accusations de recel, d'escroquerie à la CAF et à la CPAM ou encore d'aide au séjour irrégulier. Ces arrestations permettaient à l'époque de semer la peur chez les autres Roms, de légitimer les discours discriminants du Maire sur des personnes qui vivraient « d'escroquerie permanente » et de justifier la répression mise en oeuvre pour les faire partir de la ville et vider les squats. Il s'avèrerait après coup que la procédure avait été initiée grâce à une délation mensongère du président de l'association France-Roumanie, proche de l'équipe municipale. Après des mois des prisons, des expulsions et des articles xénophobes dans le journal local sur le « problème rom », les inculpé-e-s avait pourtant fini par obtenir un non-lieu sans même qu'un procès soit requis, puisque la justice même avait reconnu que la plupart des chefs d'inculpation ne tenaient pas debout.
En mai 2010, malgré les mobilisations et après des mois de harcèlement policier quotidien, la Caserne du Creuzot où avait vécu jusqu'à 150 Roms était expulsée par la police, faisant disparaître les affaires personnelles des familles dans des bennes et avec encore une fois la volonté d'en finir. La préfecture envoyait un communiqué sur l'expulsion titré en novlangue « opération de relogement en cours » et annonçait la construction d'une nouvelle prison et d'un camp de réinsertion militaire pour la jeunesse à la place des logements des familles.
Cela n'a pas empêché certaines familles de continuer à se battre pour échapper aux mailles du filet et rester à Dijon. Fin juin, des familles ont réoccupé des maisons vides appartenant à la ville de Dijon près des facultés. Le 7 juillet, les services du Grand Dijon, la police et des compagnies de travaux sont venus expulser les familles illégalement et sans s’embarrasser des procédures censées garantir un certain nombre de droits, même aux occupant-e-s de squats. En été, il semble que plus encore qu’à l’habitude, on ne s’embarrasse pas d’obstacles légaux et qu’on imagine que tout le monde va fermer les yeux. Après avoir sorti violemment les personnes des maisons, des ouvriers ont dévitalisé les lieux comme cela semble être devenu le nouveau sport local pour empêcher que des maisons vides soient utilisées : détuilage, trous dans les toits, cassages des portes, escaliers et fenêtres. Après s’être faites expulser aussi des pelouses de la Fac, sur lesquelles elles s’étaient réfugiées, les familles ont cependant décidé de revenir à l’intérieur de l’une des maisons, pour tenter tant bien que mal de garder un abri pour l’été. Quelques jours plus tard, malgré un « rappel à la loi » adressé par des associations et le refus par des policiers même d'expulser sans procédure, la municipalité a envoyé un tractopelle pour continuer de casser la maison jusqu'à ce que les familles regroupées à l'intérieur en sortent.
Fin juillet, ces familles ont occupé des maisons laissées vides depuis plusieurs années, à Chenôve cette fois-ci. Mais les élus socialistes locaux n'ont pas été plus accueillants et ont tenté eux aussi, en collaboration avec la préfecture, d'expulser sans procédure et de casser les maisons avec les familles à l'intérieur. Mais la mobilisation a cette fois payé et après des heures de face à face tendu avec des policiers prêts à l'attaque, la soixantaine de soutiens rassemblés en urgence dans la maison a fini par obtenir gain de cause et forcé la préfecture à sonner le retrait des troupes. Après un répit de quelques semaines, des procès intentés en urgence par la Mairie de Chenôve et le soutien des juges, les familles sont cependant de nouveau à la rue et leur sort laissé en suspens.
Dans ce contexte agité, trêve de récupération hypocrite et contrairement à un certain nombre d'autres élus et militants PS, le Maire de Dijon a choisi de se dire qu'il ne pourrait faire illusion en prenant la défense de Roms. Il a donc préféré se ranger du coté des politiques gouvernementales et de la loi, tout en appelant à des expulsions respectueuses, dignes et surtout invisibles... Ben voyons ! Après des siècles de rejets, de pogroms et de discrimination, le temps du répit est loin d’être venu pour celles et ceux que commission européenne présente aujourd’hui comme une "menace pour la cohésion sociale". Pourtant pour le Maire de Dijon la question de la discrimination des Roms en France s'arrête en apparence tout simplement là où la loi commence. Quant à nous, au-delà des nécessaires prises de parti et manifestations comme celle-ci, il nous semble primordial de continuer à visibiliser ces faits et de trouver collectivement les moyens de nous opposer concrètement aux politiques locales en la matière, aux lois « indignes » et à leurs applications « irrespectueuses » à chaque fois que nécessaire.
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