Die (Drôme): Expulsion du squat de la maison du Pont-rompu


Mercredi 13 juillet 2011

LA MAISON DU PONT-ROMPU EXPULSEE.

Bref retour sur 5 mois d’une expérience collective plutôt riche :

Sans surprise nous avons reçu le 29 juin le rendu du jugement du procès à notre encontre qui nous ordonne, notamment, de quitter les lieux immédiatement. Deux raisons principales nous avaient poussé à occuper ce lieu illégalement. La première c’était de pouvoir loger certains d’entre nous qui ne pouvaient pas se payer un loyer. La seconde était d’avoir un lieu indépendant des subventions ainsi que des pouvoirs économique et étatique. Un lieu pour se rencontrer, échanger, s’organiser sans sermons et sans rien à vendre. Les deux, finalement, se rejoignaient dans le rejet de la gestion de la pauvreté qui pense les pauvres comme des êtres malheureux et résignés en mal de réinsertion. Les 5 mois durant laquelle notre volonté aura pris forme nous permet de dire qu’on s’est pas si mal débrouillé. Une dizaine de personnes ont vécu quotidiennement dans cette espace. Au moins autant de projections ont été organisées et presque autant de débats (sur les gaz de schiste, les brigades rouges, la lutte des mapuche ou l’opposition à l’aéroport de Notre Dames des Landes pour n’en citer que quelques uns). Enfin quelques ateliers, deux concerts et évidemment des fêtes. Tout ça à prix libre (cela allait de soi pour nous) et les moyens du bord.

Pendant ce temps la machine judiciaire faisait son œuvre pour mettre fin rapidement à ce manquement à l’un des principes fondateurs de notre constitution : la propriété privé. Mais qui est donc cette partie adverse, propriétaire des lieux, qui lança cette machinerie bien huilée contre nous ? Drôme Aménagement Habitat est une entreprise privé à mission public. Elle construit, restaure et acquière des logements pour les louer aux moins fortunés d’entre nous. Bref, de braves gens. En même temps cette entreprise qui fait du social ne se gêne pour faire aussi de la spéculation foncière. Elle vend des terrains, des logements, à des prix raisonnables vous diront ils mais vu dans l’état où sont pas mal de leurs logements sur Die, ça se comprend. Amiante, peinture au plomb, isolation phonique déplorable, espaces extérieurs communs laissés à l’abandon (à Cocause on trouve des traces d’herbes par endroit mais sinon ça ressemble plus à une friche industrielle) et à Pluviane on peut même voir un immeuble dont les fondations sont mises en danger par les racines d’un arbre (une futur tour de Pise peut-être, ça attirera le chaland). Leur nouvelle façade développement durable qu’ils vendent sur leur site n’efface pas les conditions déplorables où se trouvent les anciens logements et le mépris avec lequel ils traitent les personnes se plaignant de ces conditions. Il paraît qu’en occupant cette maison nous empêchions de donner accès à un logement à une famille bénéficiant de l’API (allocation parent isolé). Ils feraient donc mieux avant de dépenser les 170 000 euros prévus pour la restauration de la maison du pont-rompu d’améliorer les conditions de vie insalubre de leurs logements. Durant le procès l’avocat de DAH ajouta la bêtise à l’hypocrisie en nous comparant (sous-prétexte de faux noms présents sur la boîte aux lettres) à tout ce que la bonne morale doit condamner : cubains, islamistes intégristes, nord-coréens, communistes. Mesquineries et mensonges de ceux qui décident face à ceux à qui devraient subir.

Il y a quelques années une maison, propriété de DAH, avait été squattée à Die et depuis son expulsion, rien, pas un début de travaux si ce n’est le murage des portes et fenêtres. Pour ce qui est de la maison du pont-rompu nous attendons de voir... De toute façon les logements vides sont légions dans le Diois et la crise du logement poussera, nous l’espérons, d’autres que nous à ouvrir des squats par centaines.

contact : maisonpont-rompu[at]mailoo[point]org


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