A propos de "Chez Pâquis" (13, rue J.Charle AMAT, Genève, Suisse)
Nous avons entamé les rénovations d'une maison ouverte depuis presque trois mois maintenant. L'architecture appartementale limite le nombre d'utilisateurs au nombre de pièces et ne leur permet pas de développer beaucoup d'autres activités que la nutrition le sommeil et la télévision. La bâtisse fût rénovée de cette manière après un début d'incendie. Nous avons ôté les cloisons afin de pouvoir profiter de grands espaces ce qui permet une utilisation à plus grande échelle, pour plus de personnes, pour pouvoir aménager des espaces facilement modulables. Cela nous à aussi permis d'aménager quelques étages
supplémentaires forts agréables pour visionner des films et pour la gymnastique des enfants du quartier qui n'enlèvent
toujours pas leurs chaussures en sautant sur les lits ; des repas sont spontanément préparés par et pour les gens qui
sont présents et ceux qui passent dans la rue ; plusieurs dizaines de véhicules à pédales comme des charrettes et
autres triporteurs ainsi que quelques skates ont pu être remis en état. La plus part disparaissent mais des fois on
les retrouve miraculeusement. Il y a beaucoup de vêtements, de meubles, d'électroménager, que les gens peuvent prendre
s'ils le désirent ; des outils, de la peinture, des livres des bandes dessinées, un ordinateur (et une imprimante,
sans câble d'alimentation, t'as pas des fins de stocks ?) et plein de trucs si t'est curieux ont été mis à disposition d'utilisation sur place, rien ne sera vendu. Il reste beaucoup d'aménagements pour simplifier et multiplier les possibilités tel qu'un sauna et une terrasse sur le toit.
Des voisins se plaignent des couleurs qui ont été posées sur la façade, des vélos parqués dehors, des déchets entreposés avant d'être jetés. C'est pourtant bien peu de nuisances par rapport au nombre de gens qui peuvent gratuitement profiter de la maison quand ils le souhaitent sans compter le travail qui a dû être fourni pour la rendre utilisable. Quand une entreprise privée est engagée pour rénover une maison, ils ont opulence de matériel à disposition ce qui leur permet de jeter beaucoup plus sans qu'on ait à le voir, en plus des frais qu'ils engendrent, les nuisances ne sont pas moindres puisqu'ils utilisent systématiquement le pétrole pour leurs déplacements. L'accès à une simple benne et quelques bâches nous auraient été forts utiles. Imaginez les mezzanines et avant-toits qui pourraient se voir construits avec ce matériel dont ils profitent si peu, puisqu'ils ne font que monter et démonter les mêmes structures sur différents bâtiments.
L'une des seules participations anonymes fut la mise hors d'usage de la vanne permettant une alimentation d'eau,
certains osent nous traiter d'inhumains car trop sales.
Les échos des plaintes des voisins, du propriétaire et de Bertossa nous sont parvenu par le seul intermédiaire qu'est
la police. Nous discutons souvent avec les agents de ville qui ont leurs locaux dans la même rue. La gendarmerie en
bleu se fait souvent voir pour contrôler une ou plusieurs identités. Enfin, la brigade des squats qui fait office de
dernier échelon de la hiérarchie juridique nous a apporté un avis aux squatters demandant que les lieux soient débarrassés pour permettre la démolition du bâtiment dès le lundi 9 avril à 8h (soit deux semaines plus tard). Ils n'ont aucune influence possible pour faire évoluer la situation, ils sont donc incapables de la gérer, ils avouent ne pas avoir rencontré le propriétaire. Leurs seuls objectifs apparents (et mine de rien, ils y arrivent très bien) sont de chasser les squatters hors de la ville et de le faire sans conséquences agitatrices, sans se servir de la force. Comme les seuls arguments qu'ils utilisent pour justifier ce qu'ils font sont qu'ils sont payés et que c'est la loi, ils se voient obligés d'esquiver la réelle raison de leur présence dans la maison qui est l'évacuation. Comme à leur habitude, ils se bornent à
tergiverser au sujet du relogement et surtout, là où ça ne nous dérange pas, allez voir loin de la ville, on y connaît
toutes les maisons vides, vous verrez laissez-nous vous guider, sinon on va devoir vous évacuer encore une fois ce serait dommage tant d’efforts pour rien non? Il nous a été proposé d'aller jusqu'en Ardèche.
Nous ne voulons pas passer notre temps à produire de l'argent pour des gens qui en ont déjà beaucoup trop et nous ne sommes pas seuls, s'il y a une jeunesse qui ne rigole plus avec les jeux de ses ancêtres, elle ne doit pas s'arrêter de rigoler pour autant. Enormément de gens de tous âges ont besoin de tels espaces publiques permettant, sans limites, d’être libre de gérer son lieux de vie. Le quartier des Pâquis est plutôt accueillant pour ce genre d'essais et la maison est parfaitement adaptée à être utilisée de cette manière, elle est en bois et encore solide. Si elle disparaît pour devenir des accumulations de cuisine-salledebain-salon-chambre comme on en voit partout, cela ne changera rien au problème si ce n'est les fins de mois des architectes.
L'état et les entreprises privées dépensent des sommes faramineuses à faire vivre des structures non lucratives pour passer son temps libre, comme un petit déjeuner gratuit, une après-midi au parc. Mais les activités proposées se résument à un peu de sport en famille ou quelques tranches de pain blanc ou encore une douche et une lessive. Tout est déjà établi et arrondi avec tant de précisions, c'est désuet, elles demandent beaucoup trop d'efforts de gestion autant du point de vue financier qu’au quotidien par rapport au service largement insuffisant qui est offert. Quand les utilisateurs ont quelque chose à
proposer, comme rien n’y est modulable personne n’osera le mettre en pratique, nous seuls pouvons imaginer ce que nous
voulons. Alors nous prenons le droit de créer une structure adaptée à nos besoins et nous la partageons avec toute
personne qui le souhaite. Malgré les apparences, ceci, n'est pas une demande de subvention. Résumons, des employés de l’état donne deux semaines de préavis pour dégager ce qui a été apporté trois mois durant dans une maison vide depuis 5 ans dont l'autorisation de démolir est encore valable pour une année. Cela tout en refusant de prêter un véhicule motorisé et un espace pour déposer le matériel.
Les lieux ne seront pas dégagés d'ici lundi et si personne n'a racheté entre temps, nous ne pouvons compter que sur la
conscience populaire, pendant la fin de cette semaine venez en profiter, et soyez présents au matin du 9 avril.