Buenos Aires: Un troisième squatter assassiné à Villa Soldati


Vendredi 10 décembre 2010

La situation ne s'est pas vraiment calmée du côté de Buenos Aires... La guerre sociale se transforme en guerre civile.

Deux personnes sont mortes mardi lors d'affrontements entre squatters et police, alors que celle-ci tentait d'expulser tout un quartier squatté, au sud de Buenos Aires, à Villa Soldati:
http://squat.net/fr/news/buenos_aires081210.html

Jeudi 9 décembre, des affrontements ont repris, cette fois entre des habitants du quartier et des squatters !

(C5N, 9 déc. 20h20)
Bilan de la journée: un mort.

Trois morts par balles, tou-te-s habitant-e-s du quartier squatté ou proches des squatters. Le troisième est un Bolivien, Juan Castañares Quispe, qui avait 38 ans.

Pourtant, ceux qu'on entend le plus dans les médias argentins sont des voisins franchement hostiles aux squatters, avec un arrière-goût xénophobe assez flippant... La première femme intervenant dans cette vidéo le dit clairement:

(C5N, 10 déc., 10h47)
"Nous sommes des voisins, nous sommes des travailleurs (...), nous sommes des Argentins, nous sommes des citoyens (...). La police fédérale et le gouvernement national veulent dialoguer, mais je ne sais pas avec qui, avec les gens qui viennent ici, occupent et usurpent l'espace public !?".
En gros, des voisins se sont pointés avec des flingues, des pierres, des barres de fer et d'autres armes pour attaquer les squatters et les faire dégager du quartier !

Jeudi, des squatters ont ouvert un nouveau bâtiment vide, ce qui a semble-t-il déclenché la colère de certain-e-s voisin-e-s, qui pensaient y être légalement relogé-e-s tôt ou tard.
D'autre part, vendredi, une habitante d'un quartier résidentiel voisin prétend que des squatters ont tenté d'entrer dans son domicile... Elle retourne donc la situation avec un aplomb hallucinant: "Nous sommes en train de défendre les logements [la vivienda], et pour défendre nos logements nous ne sommes pas agressifs, mais qui nous défend ? J'ai appelé la police, ils m'ont dit qu'une voiture de patrouille arrivait sur place, mais elle n'est jamais venue." Tout ça, pour justifier les violences de la veille contre les squatters...
Et les sous-titres de la chaîne de télé C5N sont explicites, jouant le jeu populiste du soutien aux voisins anti-squatters, amplifiant leur discours: "Les voisins réclament le départ des squatters", "Les voisins indignés", "Ils s'installent dans nos maisons", "Ils ont tenté d'entrer dans ma maison", "Mon fils a crié Papa, un homme veut entrer".
Pendant ce temps-là, des politiciens argentins se répandent en propos racistes et appellent à faire intervenir l'armée à Villa Soldati.

Malgré les attaques à répétition et les trois morts, les squatters sont toujours à Villa Soldati.

D'autres vidéos:


(C5N, 10 déc., 07h45, un voisin)


(C5N, 10 déc., 15h31, ministre de la sécurité de Buenos Aires)


(C5N, 10 déc., 19h07, un squatter)

Textes en espagnol:
- Communiqué d'orgas de gauche qui soutiennent les squatters de Villa Soldati
- "Un herido de bala en nuevos enfrentamientos en Villa Soldati", par Moment24
- "Un muerto en violento enfrentamiento entre vecinos y okupas en Buenos Aires", par l'agence de presse EFE
- "Tercer muerto en los disturbios provocados por personas sin techo en Buenos Aires", par l'AFP

[squat!net]


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