Vers 15h, alors que les boutiques des Ramblas et des alentours fermaient leurs portes, les Mossos ont entrepris de prendre la Plaza Catalunya et ont fait irruption dans la Banque Espagnole de Credit occupée, qui s'était transformée depuis le 25 septembre en un espace de confluence des multitudes présentes lors de la grève générale et même en dehors.

A la fin de la journée de grève, 33 personnes sont arrêtées et on compte plusieurs dizaines de blessé-e-s par la police.

La plainte posée par les propriétaires du bâtiment l'avait été trois jours auparavant. Les Mossos l'ont expulsée sans ordre explicite du juge : il s'agit donc d'une expulsion illégale. Le prétexte mis en avant pour cet acte exceptionnel est que des objets auraient été jetés depuis les hauteurs du bâtiment. Mais les Mossos n'ont arrêté aucune des personnes qui se trouvaient à l'intérieur de l'immeuble, et rien d'incriminant n'a été trouvé. Un processus policier qui démontre que l'intention n'était pas d'arrêter des gens qui auraient fait quelque chose depuis le bâtiment, mais bien expulser cet espace pour des raisons politiques. D'autres irrégularités ont été constatées, comme l'absence de plaques visibles sur de nombreux agents ou la concentration impressionnante de groupes de sécurité privée lorsque la plainte des propriétaires a été déposée.

De plus, il est important de dire que l'intense journée de grève qui a eu lieu ce 29 septembre a complètement dépassé ce qui serait une inscription particulière à l'espace unique qu'est la Banque occupée de la Plaza Catalunya, par d'autres entités telles que le Mouvement du 25 Septembre, l'Assemblée de Barcelone ou encore les différentes manifestations des divers syndicats, syndicats majoritaires inclus. Il est évident pour toute personne étant passée dans les rues du centre de Barcelone en ce déjà historique 29 septembre 2010 que le caractère combatif de la grève était transversal, général et partagé. Inscrire son caractère exceptionnel à un seul secteur répondrait à une logique répressive qui prétendrait virtualiser l'expression d'un mal-être collectif au caractère structurel. A cette étape de la crise, seuls le cynisme et l'auto-persuasion peuvent continuer à justifier un système qui sauve les banques à l'aide de fonds publics tout en imposant des contraintes sociales et un durcissement du travail aux classes populaires, qui attaque les conditions de vie de la plus grande partie de la population tout en tentant de maintenir à n'importe quel prix les bénéfices financiers et commerciaux.

La Banque occupée de la Plaza Catalunya a été cinq jours durant un espace incroyable où se sont croisées des centaines de personnes. Entre beaucoup d'autres activités (assemblées, débats, groupes de travail, cartes des besoins, repas, projections, points d'infos, centre opératif, etc.), une assemblée réunissant 500 personnes s'est tenue le dimanche 26 sous l'appel "Quelle est ta grève ?". Des personnes aux conditions de travail et de vie très diverses ont remercié avec émotion l'existence de cet espace où il était possible de mettre en commun leur situation et de commencer à penser ensemble aux outils de lutte, aux alternatives et à l'entraide pour faire front à la crise.

Tout cela vient de commencer. Parce que notre grève ne se fait pas en un jour. Parce que nous savons que la Barcelone de la Rosa de Fuego a conquis de meilleures conditions de vie pour tou-te-s grâce à des formes d'organisation et de lutte, parfois illégales ou criminalisées à leur époque, tout comme la grève générale l'est.

Parce que nous n'avons plus peur.

Parce que nous avons découvert qu'ensemble, nous sommes capables de tout.

Barcelone, 29 septembre 2010

Plus d'infos ici en espagnol.
Photos et vidéos de l'occupation de la Banque: en espagnol.
Voir aussi 29-s.net en catalan.

Movimiento del 25

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