Argentine : Expulsion de Sans-Toit, répression, piquete et résistance


Info parue sur Indymedia-Paris le vendredi 6 avril 2007:
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=79175

Expulsion des 600 familles qui occupaient des terres dans la banlieue de Buenos Aires: voir http://www.amerikenlutte.free.fr/ (section FOB)

Les occupants ont violemment été expulsés au petit matin du 3 avril par 1 500 policiers et gendarmes. Ensuite ils ont coupé le pont Alsina qui unit la province de Buenos Aires à la capitale avant d'être refoulés par la police.

Sans solution autre que la violence étatique, les occupants se sont rendus devant la municipalité de Lanus où ils ont été reçus, à la recherche d'une réponse, d'une solution. Mais seulement des excuses et un abandon. C'est ce qu'offre l'État Argentin, c'est ce qu'offre le "gouvernement des droits de l'Homme".

LA VOIX DE L'URGENCE

Fabiana Gonzales courait d'un côté à l'autre en face de l'intendance de Lanus en expliquant à chaque personne qu'elle attendait la sortie de la délégation qui était entrée pour négocier avec les fonctionnaires, pour exiger une solution au conflit. Visiblement épuisée par l'agitée journée de répression, elle nous commente quand même l'expulsion :

Ils sont venus ce matin, à 7 heures, les gens étaient dans leurs baraques, ils sont entrés sur le terrain et nous ont donné une demi-heure pour partir, mais sont intervenus avant la fin de ce délai. Deux personnes ont été arrêtées, il y a eu des personnes frappées, des enfants frappés, ils nous ont brűlé les baraquements, ils nous ont tout jeté, maintenant nous n'avons plus rien...

Desalambrando : - ils ne vous ont pas laissé le temps de retirer vos affaires ?

FG : - Ils ont commencé à réprimer. Il y a eu des gens qui se sont mis dans la lagune, avec le bois, et les chevaux aussi (la police a réprimé avec des chevaux).

D : - Quelles forces répressives ont participé à l'expulsion ?

F : - La police, la gendarmerie...

D : - Et la "patota" (hommes de main) d'ACUBA ?

F : - Ils ont emporté tout notre bois, il y a des preuves, nous avons des preuves de cela...

D : - Et vous avez décidé d'aller couper le pont Alsina...

F : - Comme nous n'avions pas de réponse, nous avons décidé d'aller au pont, nous n'avons pas non plus eu de réponse, nous sommes alors venus ici (mairie de Lanus). Il y a des gens qui sont entrés pour négocier

D : - Aucun fonctionnaire vous a fourni d'explication ?

F : - La première fois, Torres est venu nous parler (fonctionnaire de la municipalité et cadre d'ACUBA). Nous avons porté plainte contre lui parce qu'il a retiré le "plan" de 150 pesos (sorte d'allocation chômage de 40 euros) aux gens qui participent de l'occupation. Depuis nous n'avons jamais plus eu de nouvelles, jusqu'a ce matin.

D : - Et maintenant comment vous voyez la suite ?

F : - Il faut attendre la sortie de la délégation en espérant une solution parce que là y'a des gens qui n'ont pas où dormir.

D : - Comment continue la lutte maintenant ?

F : - Nous allons la continuer jusqu'à ce que nous gagnions tous ensemble.

LES CADEAUX DE LA DICTATURE

Il était 8 heures du soir quand la délégation est sortie de la mairie. Plus de 12 heures d'allers et de venues avaient passé depuis l'expulsion, entre résistance et résignation, avec la fatigue d'une journée passée sans avoir pu ingéré aucun aliment. Victor du MTD Lucha et Dignidad (dans la FOB) nous a commentés la suite de la lutte et comment des terres publiques étaient passés dans les mains d'entreprises privées :

Desalambrando : - Comment les terres ont été offertes ?

Victor : - Ce fut par l'intermédiaire de la dictature militaire (1976-1983) que les terres ont été cédées à ACUBA, trois mois avant la chute du gouvernement militaire.

D : - Et qu'est ce qu'ACUBA a fait de ce terrain ?

V : - Toutes ces années, elle a reçu des subventions pour des projets qui ne voyaient jamais le jour. Et aujourd'hui c'est une décharge.

D : - Comment allez-vous continuer maintenant ?

V : - Nous allons continuer la résistance et la lutte, nous allons essayer de reprendre le terrain.

Presse de la Fédération d'Organisations de Base (FOB) - prensafob@gmail.com

Colectivo Desalambrando - www.desalambrando.org.ar

Galerie de photos :
http://desalambrando.org.ar/galeria/thumbnails.php?album=6

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Le 5 avril 2007, le terrain a été repris. Si lundi il n'y a pas d'expulsion cela signifie que la mairie, par crainte que la corruption jaillisse au grand jour, cède.

http://www.amerikenlutte.free.fr/


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