Angers: Le 48 rue Lionnaise se prépare à une intervention policière!


Lundi 20 avril 2009

Dimanche extraordinaire au "48"!

La situation a évolué depuis le 6 avril; la réunion entre la mairie, la préfecture, Espace Accueil et la DASS du 8 avril nous a montré que les autorités prenaient au sérieux ce qui se passe au "48".

Tout ce petit monde est emmerdé grave et tente de trouver des portes de sortie; des propositions concrètes ont été abordées en notre absence:
- Pour les demandeurs d'asile, des logements pérennes sont envisagés comme c'est le devoir de l'Etat...
dans un mois ou deux...
- Pour les SDF alternatifs, un terrain avec caravanes, WC, douches et un car à disposition (qui est déjà prêt depuis un an!).
dans un mois ou deux...
- Pour les Rroms, ils savent se souvenir opportunément qu'ils sont citoyens européens pour constater qu'ils n'ont aucune obligation "légale" sauf pour Fiorentina qui attend un bébé (ça ne les tracassait pas beaucoup quand elle dormait dehors cet hiver!).

D'abord, l'évolution de la situation:

La manifestation du 6 avril, réunissant une quarantaine de DA, SDF et Rroms roumains plus une trentaine de français, avait marqué un répit dans l'urgence sécuritaire; cela a créé une ambiance plus décontractée et nous a permis d'approfondir et d'améliorer les relations tant individuelles qu'entre communautés malgré le problème récurrent des langues.
L'alphabétisation commence à fonctionner correctement malgré le manque de français impliqués.
Pendant ce répit, nous avons également pu consolider l'organisation interne du lieu.
En l'absence d'un mouvement de réquisitions dans les autres villes de l'Ouest et de France, nous ne pouvions espérer des avancées politiques rapides sur la question des DA comme sur celle des SDF. Cela nous a obligé à "envisager" les situations et leur développement futur d'un point de vue strictement local.
Notre stratégie globale et nos objectifs immédiats n'ont pas changé mais, étant limité à la seule ville d'Angers et à sa périphérie nous ne pouvons plus tabler sur une éventuelle extension géographique du rapport de force surtout après que Rennes ait cessé le mouvement d'occupation (quoique cette éventualité n'est pas totalement exclue). Tant pis, on fait avec!!!

Nous savions que ce répit n'allait pas durer et cette semaine nous a remis en état d'alerte.
D'abord, nous avons eu vent par une source fiable que le directeur de la police municipale faisait le forcing auprès de la mairie pour une intervention policière sous prétexte de risques d'incendie (social?...); il est bon à ce propos de noter que la mairie ne nous a toujours pas fourni d'extincteurs!
Un deuxième indice nous a permis d'anticiper une possible intervention policière; samedi un bref article non-signé est paru dans le Courrier de l'Ouest dans lequel Mr Antonini, maire d'Angers félicitait la préfecture du relogement des habitants du"48"... sans que nous en ayons été avertis!
En fait, la mairie tente de légitimer d'avance une intervention policière devant la population angevine; seuls les récalcitrants à ce "relogement hypothétique" persisteraient à occuper le lieu.
L'adjointe au maire Mme Véron (les "Verts") a joint Pao au téléphone pour lui confirmer, embarrassée, le "relogement" mais plus sūrement tâter le terrain.
Pao lui a signifié clairement que:
1 - Nous n'étions plus des enfants à qui on la raconte;
2 - Si propositions il y avait, les premiers intéressés seraient au courant et que ce n'est pas un coup de téléphone qui nous ferait quitter le lieu.
3 - Qu'il était hors de question de séparer les trois communautés du lieu même si les solutions étaient spécifiques à chacune.
4 - Qu'une tentative d'expulsion par la force se heurterait à la détermination des habitants de l'intérieur et à une mobilisation immédiate des personnes solidaires à l'extérieur.

L'AG du samedi soir avec des traducteurs a été très animée et l'ensemble des DA, Rroms et SDF ont manifesté une volonté de défendre le "48" et un plan de défense du lieu a été ébauché. Chacun a pris conscience de sa responsabilité dans la sécurité du groupe.

Dimanche, le temps était contre nous mais devant l'affluence, le pique-nique a eu lieu dans la buanderie et une réunion s'est rapidement improvisée dans la salle attenante. Cette veillée d'armes a précisé le plan ébauché la veille et permis à chacun et chacune d'y trouver sa place;

Les tam-tam SDF et les danses des Rroms, DA et soutiens m'ont accompagné quand j'ai quitté le "48" et j'ai pensé que, quel que soit le futur du lieu, nous avions ouvert une porte en bousculant les règles établies;
- Au "48", les Rroms, éternels parias, trouvent un havre d'humanité qui transcende les frontières ancestrales que l'histoire leur a imposé. Ils se sentent bien dans leur peau parmi d'autres exclus qui les respectent et les acceptent.
- Au "48", les Sans Domicile Fixe ont pu poser la question plus globale de la précarité et envisager un avenir moins sombre où l'invidu puise sa force dans un quotidien vécu collectivement.
- Au "48", les Demandeurs d'Asile ont cessé d'être des "objets" de compassion pour les humanitaires de tous poils; ils ne se considèrent plus comme "victimes" mais comme êtres humains en lutte pour leur dignité.
- Au "48", nous, les soutiens, aussi avons évolué; chacun à notre manière, nous apportons notre pierre à la construction d'autres possibles.
- Avec le "48", une partie de la population aussi a changé son regard sur une réalité qu'elle voulait ignorer et qui restait abstraite; des solidarités improbables, des rencontres insolites, des proximités imprévues commencent à imprégner leur vécu imprégnant le tissu du Réel.

Les autorités constituées ont du souci à se faire et si intervention policière il y a, elle ne se fera pas sans dégâts car les habitants du "48" sont prêts au combat.

"Un logement, ça se prend!
Une seule solution, la réquisition!"

"Soyons touTEs des électrons libres et de notre union naītra la bombe atomique sociale"

A+ dans les luttes

pj49100 at yahoo dot fr


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