Les conventions d'occupation précaire Fragments d'une discussion entre squatteureuses sur la question de la légalisation des squats... Retours bienvenus (à iosk@inventati.org). - Nous trouvons chouette qu’un grand nombre de squatteureuses refuse des conventions d’occupation précaire. Nous tenons à affirmer l’existence et le sens des luttes autonomes, qui instaurent un rapport de force plutôt qu’un terrain d’entente avec les autorités, qui pointent les mairies et l’Etat en général non pas comme une autorité légitime dont on cherche l’aval, mais comme l’autorité que nous n’avons jamais choisie, contre laquelle nous luttons, et que nous ne voulons pas voir nous récupérer. - Nous ne voulons pas reconnaître les autorités, nous ne voulons pas reconnaître aux autorités le droit de définir les squats légitimes ou non. En signant des conventions nous reconnaîtrions ce droit, nous lui accorderions de l’attention, du répondant, une existence véritable. Nous voulons être solidaires des sans-papier-e-s et autres occupant-e-s indésirables auxquel-le-s aucun droit ne sera jamais reconnu. Plus des squats seront légalisés, plus ceux qui importunent deviendront isolés, marginalisés, fragiles. Nous ne voulons pas nourrir le jeu des « bon-ne-s » et des « mauvais-es » squatteureuses. - Nous connaissons l’histoire des squats ailleurs en Europe du Nord. En y légalisant certains squats, les autorités ont divisé et endormi le mouvement, pour réprimer plus facilement ceux qui ne voulaient rien signer. Parfois les squats légalisés se sont totalement dépolitisés. Ils deviennent des appartements normaux, dont les prix montent, ou qu’on expulse aisément (parce que ces maisons précaires comptent toujours peu face aux grands projets immobiliers). - Les conventions d’occupation précaire impliquent un travail coûteux de mise aux normes. Nous préférons dépenser notre énergie ailleurs. Nous n’aimons pas les conventions et autant que nous le pourrons, nous n’en signerons pas. Mais nous ne sommes pas non plus dans une optique de pureté politique à tout prix. Nous n’énoncerons pas des principes immuables, dogmatiques, comme « ne jamais recourir à la justice bourgeoise » ou « ne jamais signer de conventions ». Car notre pratique politique est fluctuante, elle varie selon les contextes et les époques, elle cherche un équilibre à trouver, une tension permanente entre cohérence et survie, un compromis. Nous tenons à garder la force de rester dans les marges, dans des recherches quotidiennes « contestataires », « autonomes », etc., nous ne voulons pas nous brûler les ailes en étant trop ambitieuxses dans notre pureté politique et en finissant par mourir d’épuisement, par retourner sur les chemins tous tracés de l’intégration capitaliste. Aujourd’hui notre compromis est de ne pas signer de convention mais de se situer dans une utilisation stratégique de la « justice », des échanges de circonstance avec les élu-e-s, parfois des médias. Demain, peut-être pourrons-nous réduire ce compromis, peut-être devrons-nous l’élargir…