Paris : 600 sans-papiers occupent un square, porte de Bagnolet


SANS PAPIERS en lutte >>>coordination nationale

COMMUNIQUE

De Marseille à Paris, de Bruxelles à Paris, les " en bas d'en bas " ont dit :

" NOUS VOULONS VIVRE DANS LA DIGNITE ! "

Aujourd'hui samedi 3 juillet [2004], depuis 13H30, nous sans papiers, avons investi et nous sommes installés à 600, square Séverine, avenue de la porte de bagnolet (métro Porte de Bagnolet).

Notre action s'adresse au gouvernement, représenté par son Ministre de l'Intérieur M. De Villepin, pour exiger l'ouverture immédiate de véritables négociations.

Depuis Saint-Bernard il y a bientôt 9 ans, les différents gouvernements ont prétendu résoudre le problème des sans papiers. Le gouvernement de M. Raffarin I et II avec M. Sarkozy comme Ministre de l'Intérieur, a fait très fort dans la démagogie et la répression : déclarations médiatiques sur la volonté de résoudre avec " pragmatisme et humanisme " le problème des sans papiers, pendant qu'on organise des charters entiers pour conforter le discours sécuritaire ; des citoyens qui expriment leur solidarité avec les sans papiers sont traînés en justice ; etc. Dans les départements, ce sont les arrestations, APRF et ITF, lors de contrôle au faciès ; aux guichets, des préposés refusent souvent une première demande, sous divers prétextes, en contradiction avec les textes officiels. Ceux qui arrivent à faire enregistrer leur dossier ne reçoivent une décision que dans des délais de 6 à 12 mois. Et là le couperet tombe : " preuves non probantes ", " conjoint en situation irrégulière ", etc.

Nous nous interrogeons : que veut le gouvernement ? Renvoyer chez eux tous les étrangers en situation administrative irrégulière ? M. De Villepin, ex-Ministre des Affaires Étrangères, sait que, pour les intérêts de la France au moins, cela n'est pas possible. M. Sarkozy, qui a tenté de négocier avec certains gouvernements africains des retours massifs, a pu constater que l'opinion démocratique dans ces pays ne laisserait pas faire.

Et M. Chirac ? On l'a beaucoup entendu parler de " la France d'en bas " lors de sa campagne des dernières élections présidentielles. Mais que veut-il faire de " la France du sous-sol ", les sans papiers qui sont sortis de l'ombre pour exiger de vivre dans la dignité ? Ceux-là, après avoir marcher de Marseille à Paris, étaient aux premiers rangs dans les manifestations anti-Le Pen de l'entre-deux tours, et ont contribué à la réélection de M. Chirac. M. Chirac aurait-il la mémoire si courte ? Nous ne le pensons pas. Et si c'était le cas, les 85 sans papiers qui ont de fait instauré la liberté de circulation à la veille des élections européennes du 13 juin, en marchant de Bruxelles à Paris, " contre l'Europe forteresse " et pour la " régularisation de tous les sans papiers " le lui ont fortement rappelé pendant 12 jours.

Par contre, il est évident que toute la politique du gouvernement vise à refouler les sans papiers dans l'ombre, et les livrer à un patronat négrier qui fait du profit au dépend des cotisations sociales.

Nous sommes ici, aujourd'hui, avec la ferme décision d'y rester, jusqu'à ce que des négociations sérieuses avec le Ministère de l'Intérieur, aboutissent à la régularisation à terme de tous les sans papiers, dans tous les départements de France, au minimum sur la base de ce que nous avons pu obtenir par notre lutte et qui est inscrit dans les textes en vigueur.

Si le gouvernement refuse de répondre à cet appel, c'est lui-même qui prend la responsabilité de tous les actes qui mettent en cause l'intégrité physique de personnes. Cela s'est passé à Lille, où nos camarades, déterminés, sont arrivés en fin de compte à arracher un accord, au bout de 38 jours de grève de la faim, lors de négociations avec M. Jean Marie Delarue, Conseiller d'Etat missionné par le Ministre de l'Intérieur. Cet accord, s'il est appliqué correctement, devrait permettre la régularisation de plusieurs centaines de personnes. Alors pourquoi le Ministre de l'Intérieur ne l'applique pas ailleurs ? Attend-il une grève de la faim massive pour réagir ?

C'est sa responsabilité et sa seule responsabilité ! En ce qui nous concerne, nous croyons en l'unicité de la République. Nous ne croyons pas en la République des Préfets qui appliquent ou non les textes de loi.

Nous le disons aussi clairement : à terme, la seule alternative crédible est la régularisation de tous les sans papiers.

Nous en appelons à tous, citoyens, syndicats, associations, partis politiques, à venir nous soutenir.

Paris, le 03/07/04

Le Collège des Délégués

25, Rue François Miron, Paris, 75.004

Tél : 01.44.61.09.59 - fax : 01.44.61.09.35
compte bancaire :CMDP N°80187841

Le Collège des Délégués des sans papiers


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