Lyon : Une action contre le centre de rétention de l'aéroport Lyon-St-Exupéry a été menée le 17 avril 2004


17 avril 2004, dans le cadre d'une journée de mobilisation contre les centres de rétention, quelques personnes certainement peu recommandables ont décidé d'aller voir comment le soleil se levait au-dessus du centre de rétention administrative de lyon-St-Exupéry (désigné par la suite par le doux surnom de "CRA"). Au passage, sur des ponts surplombant des accès autoroutiers à l'aéroport et donc, au CRA, trois banderoles ont été accrochées : "ici comme ailleurs, non aux centres de rétention", "arrêt des expulsions" et "contre toutes les frontières".

Puis, une petite balade dans le charmant village de Colombier-Saugnieu, sur le territoire duquel se situent l'aéroport et le CRA (pour les touristes potentiels, à une vingtaine de kms à l'est de la capitale des gaules) a été l'occasion de glisser dans les boîtes-aux-lettres un court texte (reproduit ci-dessous).

Ensuite, malheureusement, la pluie, se ligant très certainement au ministère de l'interieur, a fait renoncer les vaillants loustics à la troisième phase de cette partie de campagne telle qu'envisagée, ce n'est bien sûr que partie remise.....

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Vous qui habitez Colombier-Saugnieu, sachez qu’à côté de chez vous :

- depuis début janvier 2004, 4614 personnes ont été expulsées soit vers leur pays d’origine soit vers un pays tiers.

- les compagnies aériennes, et notamment Air France, collaborent avec cette politique de déportation “peine consistant en un exil dans un lieu déterminé” ; et criminalisent systématiquement les passagers-ères qui essayent de protester contre ces expulsions (inculpé-e-s en quelque sorte pour un “délit de solidarité”).

- sachez que, à l’aéroport St-Exupéry, il y a un centre de rétention administrative (CRA), rouage indispensable de la machine à expluser où les indésiré-e-s sont stocké-e-s pour désormais 32 jours. En passant de 12 à 32 jours, l’augmentation de la durée en centre de rétention implique tout un programme d’agrandissement et de construction de locaux.

Au niveau national, il y a actuellement 715 places en centre de rétention administrative (CRA) - il y en aura 230 de plus en 2004 et 600 en 2006 (si l'on n'y fait rien...). À l'échelle de la région lyonnaise, le CRA de l'aéroport St-Exupéry verra ses capacités d'"accueil" plus que doublées d'ici juin 2004 (de 52 actuellement à 124), soit près d'un quart des places supplémentaires prévues en CRA cette année. L'augmentation des places en centre de rétention et en zone d'attente est la condition nécessaire à l'application de la loi Sarkozy sur l'immigration (automne 2003). L'augmentation du temps d'enfermement ne doit pas être considérée comme une mesure anecdotique mais bien comme une tendance lourde permettant de multiplier les expulsions.

Les centres de rétention ne sont pas encore des camps, mais ça commence à y ressembler...

Cette politique migratoire encore plus répressive réduit les sans-papiers à davantage de précarité, les condamnent à la clandestinité, les soumettent aux contrôles (harcèlements policiers, rafles…) et à l'exploitation économique (travail au noir, difficultés d'accès à des logements décents,…). La mise en œuvre de ces lois sur l'immigration s'accompagne de son cortège de violences et de brutalités policières. Depuis le 31 décembre 2002, au moins 5 sans-papiers ont été tués par les forces de l'ordre au cours de leur reconduite à la frontière; la surpopulation des CRA suscite entre leurs murs une hausse des tensions et une multiplication des incidents. Ainsi, début janvier, 2 Algériens qui protestaient contre le manque de soins pour un de leur co-retenu ont été passés à tabac par des gardiens du CRA de Lyon-St-Exupéry ; pour une fois l'affaire est arrivée devant les tribunaux mais elle s'est traduite par un non lieu "faute de preuves", les caméras de surveillance ayant opportunément connu quelques "défaillances techniques". Ces bavures ne sont pas des incidents mais relèvent d’un mode de gestion des tensions nées de l’enfermement.

Empêcher la construction de ces centres c'est enrayer, en France, la machine à expulser mais c'est aussi entraver la mise en place de l'ensemble du dispositif européen, au nom de la liberté de circulation et d'installation.

anonyme


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