Grenoble / (saint-)Martin-d'Hères : Pseudo-dialogue entre la Charade et la mairie de SMH...


Plusieurs personnes ont envoyé récemment des lettres au maire de (saint) Martin d’Hères pour dire leur incompréhension et leur désaccord concernant la procédure d’expulsion que subit le squat de la Charade. Elles ont toutes reçu en réponse une lettre identique du maire en personne, expliquant pourquoi l’expulsion était nécessaire et inévitable. Nous la recopions ci-dessous, et ajoutons à la suite notre réponse à la réponse du maire.

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Ville de Saint-Martin-d’Hères

Direction générale des services

Nos réf. : JLM/AB/CB

Objet : Votre courrier

Madame, Monsieur,

Vous me transmettez votre soutien aux jeunes personnes qui squattent actuellement le bâtiment appartenant à la ville de Saint Martin d’Hères, avenue Ambroise Croizat. Vous suggérez quelques propositions de reconnaissance de cette occupation sans droit ni titre.

Dans l’immédiat et compte tenu des contacts que nous avons avec les personnes qui occupent ce local, il n’apparaît pas de leur part une volonté d’être officiellement logées dans notre commune.

Pour laisser place à une opération de logements neufs, le bâtiment occupé doit être évacué et démoli pour des raisons techniques de sécurité. Je dois assumer les conséquences humaines, politiques et juridiques des risques qui pourraient être encourus sur ce lieu.

Je sais pouvoir compter sur l’équipe municipale pour rester à l’écoute de toute action enrichissante proposée aux martinérois à condition qu’elle le soit dans le respect des règles définies et des choix du Conseil municipal.

Afin de satisfaire les 2940 demandeurs de logements sur la commune, je puis vous assurer que je continuerai à œuvrer pour que le droit au logement décent, inscrit dans la constitution, soit appliqué. C’est d’ailleurs un des objectifs prioritaires de mon action municipale.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en mes sentiments distingués.

René Proby, Maire, Conseiller Général

(toute correspondance doit être adressé impersonnellement à M. le Maire, BP 7, 38401 Saint-Martin-d’Hères Cedex, fr. E-mail : ville.com.smh@wanadoo.fr)

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Squat la Charade

Auto-direction totale des besoins

Nos réf. : WK2£5§X#µ

Objet : Votre courrier et la réponse de la mairie

Madame, monsieur,

Vous transmettez à la mairie votre soutien au squat de la Charade. Vous recevez en réponse les sentiments distingués d’une administration plongée dans cette douce aventure qu’est l’expulsion d’un local autogéré d’habitation et d’activités.

Dans l’immédiat et compte tenu des contacts que nous avons avec les personnes qui occupent cette administration, il n’apparaît pas de leur part une volonté politique d’affronter la question des friches dans leur ville.

Pour laisser place à plusieurs mois de terrain vague (ce que la mairie elle-même nous avoue), la Charade semble urgente à évacuer et démolir. Et cela pour les raisons très techniques (qu’on ne nous explique pas) d’une sécurité qu’on utilise à toutes les sauces pour tout justifier. La technique, ça ne se discute pas, c’est un domaine d’expert-e-s où l’on relègue volontiers des questions qui concernent tout le monde et qui appellent un débat public. Le maire de (saint) Martin d’Hères ne veut pas assumer les conséquences humaines, sociales et économiques d’une expulsion.

Nous savons maintenant pouvoir compter sur l’équipe municipale pour ne jamais remettre ses règles et sa logique en cause, et pour réprimer toute initiative autonome de la population, quand bien même celle-ci témoignerait d’un souci de solidarité et de responsabilité.

La mairie rappelle même, sans honte aucune, que 2940 demandeurs/euses de logement traînent sur ses listes, pendant qu’elle se permet le luxe de laisser un grand bâtiment parmi d’autres, en parfait état, vide pendant cinq ans. Aucune personne n’y a été logée, aucune association n’a eu le droit d’y mener des activités, nous ne prenons la place de personne en l’occupant… et pourtant la mairie a demandé à la justice de nous en expulser aussi rapidement que possible, sans délai, pendant la trêve d’hiver. C’est ce qu’elle appelle œuvrer pour que le droit à un logement décent soit appliqué. Il faut croire que sa définition d’un logement décent ne tolère aucune autre acception qu’un logement standardisé, réduit à la mesure de la cellule individuelle ou familiale, conforme au rythme de vie écrasant, déprimant et destructeur pour la planète entière, de travail-consommation.

Nous résisterons jusqu’au bout et vous adressons nos bises les meilleures.

Des occupant-e-s sans droit ni titre

La Charade


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