Grenoble: Nouvelle expulsion d'un squat récemment ouvert


Le Caddie-Yack, ouvert la semaine dernière et situé au 38 rue Pascal à Grenoble, a été expulsé ce matin (mardi 21 octobre 2008) par un important dispositif policier, qui a empéché quiconque de s'approcher de la maison. Pour rappel, la maison appartient à la mairie de Grenoble, comme le Sunset expulsé dernièrement.

A la suite de l'expulsion, neuf personnes ont été placées en garde à vue pendant près de dix heures (elles sont sorties mardi vers 18h). Un rassemblement était annoncé le même jour, en solidarité avec les gardé-e-s à vue, à 16h devant l'Hôtel de Ville.

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Quelques précisions: l'immeuble de 4 étages, tout proche de l'arrêt de tram Malherbe, bien que fermé par la mairie, était tout à fait salubre.
Vendredi dernier, l'occupation a été constatée par un huissier. Dans le cadre d'une occupation, l'expulsion sans procédure et donc sans délais n'est pas envisagable. Les représentant-e-s de la mairie sont donc parti-e-s.
Mardi 21, l'expulsion a été ordonnée aux alentours de 9h sous prétexte d'un "flagrant délit" infondé. De suite, la rue a été totalement fermée aux voitures comme aux piéton-ne-s, empêchant de la sorte toute manifestation de soutien proche de ceux et celles qui subissaient un réveil policé/policier. Les 9 squatteur-euse-s qui se trouvaient dans le bâtiment ont été emmené-e-s en garde à vue par la police nationale peu après.
Suite à cela, en attente de nouvelles des 9 personnes embarquées, un appel à rassemblement était lancé pour 16h devant l'Hôtel de Ville pour appeler à la réouverture de cet immeuble, l'abandon des possibles poursuites à l'encontre des habitant-e-s, l'arrêt de toutes les expulsions et la réouverture de tous les logements vides du parc public et privé.

Sur les conditions de garde-à-vue pour les 9 personnes expulsées:
Les neuf personnes gardées à vue suite à "l'expulsion" du Caddie-Yack ont passé presque 10 heures en garde à vue: le commissariat était surchargé et deux des personnes auront passé les dix heures dans la "salle d'attente" (une pièce aux murs de béton attenante à un parking intérieur) - sans pouvoir ni boire ni manger ni aller au toilettes -, sans même être placées en cellule de garde à vue.
Les neuf personnes ressortent sans convocation à un procès ultérieur, ce qui laisse présager qu'il n'y aura pas de poursuites judiciaires.
Nota Bene: "expulsion" est entre guillemets car il ne s'agit pas à proprement parler d'une expulsion, selon la police, il s'agit d'une intervention dans le cadre d'un flagrant délit. C'est la nouvelle méthode qu'ont trouvée les autorités pour expulser des squatteur-euse-s sans procédure: constater des dégradations imaginaires (puisque constatées de l'extérieur) et stopper le flagrant délit en emmenant tout le monde au commissariat...

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Avant que l'expulsion n'ait lieu, le squat "Caddie-Yack" avait commencé à vivre et à ouvrir ses portes. Voici la présentation du lieu, diffusée par les squatteur-euse-s peu après l'ouverture:

Le Caddie-Yack est un nouvel espace d’activités et d’habitation autogéré situé au 38 rue Pascal à Grenoble.

Venez nous rencontrer, échanger et discuter autour d’un jus de fruits toute la semaine (et notamment lundi 20 à 16h30).
N’hésitez pas à apporter à boire et à manger.

Cet immeuble vacant, comme beaucoup d’autres, appartient à la mairie de Grenoble.
Ce lieu est vide depuis plus d’un an et demi.
Nous l’occupons depuis la semaine dernière. Nous en avons fait notre domicile et désirons le mettre à disposition pour en faire des espaces d’activités.

En effet, ces lieux vides se comptent par millions en France, à Grenoble ils représentent 8% du parc immobilier. Leur existence est insoutenable dans un contexte de « crise du logement ».
Face à la précarité immobilière, les institutions ne proposent que des fausses solutions qui ne sauraient nous satisfaire (HLM, foyers…).

Nous voulons des lieux de vie, pas des dortoirs !

C’est pourquoi, nous souhaitons que ce lieu soit un lieu ouvert sur le quartier, à travers : des évènements ponctuels (concerts, repas, séances de cinéma, réunions) et des ateliers permanents (vélos, bibliothèque, zone de gratuité pour se fournir et déposer vêtements, objets…) et tout ce que vous contribuerez à créer et à y faire vivre.

Nous voulons faire de ce lieu un espace collectif, géré (sans intermédiaire ni hiérarchie) par tou-te-s celles et ceux qui veulent y prendre part.

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Le "Caddie-Yack" avait ouvert ses portes au public vendredi 17 octobre 2008 mais ce sont les forces de l’ordre accompagnées d’un huissier qui ont tenté de rendre visite les premiers aux occupant-e-s. L’huissier à constaté l’occupation, ce qui signifie en général le début d’un procès et des mois de répit pour les squatteureuses.
Pourtant, en fin de journée, ce même 17 octobre, aux alentours de 18h, des membres de la Brigade Anti Criminalité (BAC) ont investi le lieu par surprise. Devant la porte barricadée ils ont rebroussé chemin, arrêtant au passage deux personnes qui se trouvaient à l’extérieur du lieu. Elles ont passé une nuit en garde-à-vue et sont sorties samedi vers 14h.

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