Tracquenard à Malagny : articles dans la presse institutionnelle


Articles parus dans la Tribune de Genève :

Tentative doccupation avortée au château de Grand-Malagny (21/05/2002)

Dix-huit squatters ont été inculpés de séquestration et denlèvement. Ils parlent dun piège.

par BERNARD FAVRE

Vingt-sept personnes âgées de 19 à 33ans ont été arrêtées samedi au Château de Grand-Malagny, à Genthod. Elles sont prévenues de "violation de domicile, séquestration et enlèvement". Tous des squatters qui préparaient "une occupation paisible" de cette propriété de 12hectares classée patrimoine historique. Ils sétaient même préparés à y faire venir des poules et à y aménager un jardin potager. Les squatters contestent formellement le grief de "séquestration et denlèvement", et parlent au contraire dun guet-apens tendu par le propriétaire.

Le magnifique château du XVIIIe siècle de Grand-Malagny, qui appartient à un architecte colognote en faillite, est vide. Le Crédit Suisse, créancier gagiste, na aucun projet de rénovation, comme le confirme la maire libérale de Genthod, Yvonne Humbert: "Un plan localisé de quartier est à létude, mais ne prévoit encore rien de précis. Deux projets ont échoué ces derniers mois." Lun concernait un célèbre horloger et lautre la Fédération internationale de basketball, qui a préféré emménager à Blandonnet.

Mise en scène de séquestration

Samedi, quelque trente personnes ont donc décidé doccuper la bâtisse. Elles avaient au préalable vérifié quelle était inhabitée. Des témoins, dont lidentité est connue de la rédaction, affirment: "Il ny avait ni eau, ni électricité, ni cuisinière. Rien qui indiquât la présence dhabitants."

Pourtant à leur arrivée, vers 16h, les squatters découvrent un couple âgé dune cinquantaine dannées, qui loge avec ses enfants majeurs au premier étage, au bénéfice dun contrat de prêt à usage. Une plainte est immédiatement déposée pour violation de domicile, séquestration et enlèvement. "Ce qui a décidé le procureur général à autoriser lévacuation immédiate", explique Eric Grandjean, officier de presse de la police. Il assure que le couple dhabitants a été séquestré pendant plusieurs heures.

"Nous navons séquestré personne. Le couple était libre de partir", affirme Luc, lun des squatters, qui a pu échapper à la vigilance de la police. "Un inspecteur de la Brigade des squats est intervenu à 18h15, nous donnant un quart dheure pour quitter les lieux. Le couple prétendument séquestré a pu partir avec lui, sans aucune difficulté."

Accusations contradictoires

A 18h30, plusieurs squatters ont quitté le château, sinclinant devant lultimatum. La police a interpellé treize dentre eux. Enfin, vers 21h, au moyen dune grande échelle, les forces de lordre ont interpellé quatorze autres personnes qui sétaient réfugiées sur le toit de limmeuble. "La force na jamais dû être utilisée", précise la police. Contrairement aux allégations du gardien du château, qui habite une dépendance et qui accuse les squatters de nombreuses violences.

Pour les squatters, la présence de ce couple des "concierges" selon le gardien a la forme, le goût et lodeur dun traquenard. "Ces gens étaient engagés pour jouer les habitants et servir de justification à une évacuation", affirme un communiqué distribué par un comité de soutien. Le propriétaire ou le créancier gagiste du château savait probablement quune occupation se préparait. "Nous avions imprimé des fiches il y a une dizaine de jours, annonçant que nous viendrions occuper ce château samedi à 13heures", raconte Luc.

Pourtant, il semble bien quune famille habitait limmeuble depuis quelques mois. La "Tribune de Genève" a pu joindre hier par téléphone un membre de cette famille, qui na pas souhaité sexprimer. Toute la famille a été prise en charge par la cellule psychologique. La mère présentait des signes de stress marqués.

Hier, on apprenait que 9 des 27 personnes interpellées avaient été relaxées. Les autres passeront encore cette nuit au moins à Champ-Dollon, en vue dune confrontation avec les plaignants, prévue demain. Sur ces 18 inculpés, lun dentre eux est mis en cause pour un cambriolage dans une autre affaire, deux pour rupture de ban, un pour violence contre les autorités et un autre se trouve en situation illégale en Suisse. Tous sont inculpés dopposition aux actes des autorités, de violation de domicile, de séquestration et denlèvement, quelques-uns dinfraction à la loi sur les stupéfiants (détention de haschisch).

Manifestation de soutien

Dimanche après-midi, une centaine de personnes de tous âges ont manifesté dans une ambiance festive à travers les rues de Genève pour protester contre larrestation des squatters et demander leur libération.

Les manifestants estiment que le Crédit Suisse, qui veut empêcher une occupation de limmeuble, a monté de toutes pièces cette histoire de prétendus "habitants" du château. "Ces habitants navaient aucuns effets personnels et ne savaient même pas où étaient les toilettes", témoignent plusieurs dentre les squatters.

La manifestation, non autorisée, est partie vers 15h45 de la place Neuve en direction de Bel-Air, puis en direction du palais de Justice. Ensuite de quoi, les manifestants ont traversé le pont de lIle pour rejoindre le 5 rue Rousseau, où les attendaient plusieurs dizaines de policiers anti-émeute, armés de lance-grenades lacrymogènes. Les manifestants ont poursuivi leur chemin jusquau parc des Cropettes, vers 18h.

Tribune de Genève > Genève en direct (22/05/02)

11h30 PALAIS DE JUSTICE Les squatters manifestent

Une vingtaine de personnes manifestent actuellement devant le Palais de Justice, en signe de soutien aux 18 squatters inculpés dimanche suite à l'occupation avortée du château de Grand-Malagny, à Genthod (nos éditions d'hier ). Les inculpés doivent en principe être confrontés actuellement aux plaignants, qui les accusent de violation de domicile, de séquestration et d'enlèvement. Les squatters, pour leur part, réfutent totalement les reproches de séquestration et d'enlèvement. La manifestation se déroule dans une atmosphère festive: grillades, musique latino et banderoles réclamant: «Libérez-les tous.» - (B. Fa.)

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