Fontaine (38): Récit de l'expulsion de la Masure Ka + texte d'une affiche collée sur l'agglo grenobloise


La Masure Ka... récit d'une expulsion

Mardi 19 juin, 9 heures du matin. Quatre personnes dorment encore au premier étage de la maison, squattée depuis plus d'un an et demi, expulsable depuis trois mois.

Et oui, ils ont fini par venir, ceux qu'on a jamais voulu attendre, tout en sachant qu'ils finiraient bien par venir... ce matin c'est six voitures qui sont arrivées dans la petite rue de la gaieté, c'est une horde de flics qui se la joue shérifs qui ont débarqué, accompagné bien sur d'une brochette de RG, caméra au point, et de l'huissière, mielleuse et tou-te-s là pour faire leur travail, évidemment...
La chaîne du portail a sauté en deux secondes, les portes du haut et du bas ont été délicatement défoncées en quelques minutes, et voilà, ils étaient là, dans le couloir, brandissant leurs armes, leur agressivité, leur toute puissance... Contrôle d'identité pour tout le monde à l'intérieur. on nous laisse passer un coup de fil pour appeler des ami-e-s pour venir nous aider à sortir les affaires. Rapidement, une vingtaine de personnes arrivent pour nous aider. Pendant à peu près 1 heure, peut être même plus, on a pu sortir des affaires de la maison, pendant que d'autres ami-e-s/voisin-e-s continuaient d'arriver, en soutien. C'était super de voir tout ce monde présent....merci!

A un moment, l'accès à la rue a été interdit, les personnes qui arrivaient étaient obligées de rester dans la rue Gabriel Péri, sans pouvoir s'approcher. Une personne qui a essayé de passer malgré tout, un peu plus loin, à un endroit où il n'y avait pas de flics, s'est tout de suite fait courir après et s'est pris un coup de matraque, comme ça, pour la forme, c'est vrai quoi... Enfin, vers 10h30 (horaires très approximatifs), on a vu une petite fourgonnette, type J7 tout droit sortie des années 80 arriver en toussotant au bout de la rue, et s'arrêter devant le portail de la maison. Deux personnes en sortent, ouvrent les portes arrières, et là, qu'est-ce qu'on voit? des piles de moellons... ah ben voilà les maçons alors.
Et voilà, les portes et fenêtres de la Masure Ka disparaissent peu à peu derrière des rangées de moellons. Mais leur vérité de béton et de ciment sonnera toujours creux contre la force de nos rêves et de nos en-vies... Parce qu'on a la rage...

Et on s'retrouvera,
dans un autre teusqua,
dans un autre endroit...

SOLIDARITE CONTRE TOUTES LES EXPULSIONS!

un-e masurekien-ne

***

Voici le texte d'une affiche collée ces jours-ci sur les murs de Grenoble et Fontaine :

La Masure Ka is dead

C'était le 19 Juin, à 9 heures du matin. Des flics, des RGs, une huissière, des maçons. Tous venus « rendre sa propriété privée au Domaine de l'Etat », c'est-à-dire expulser les occupant-es du squat de la Masure Ka. En quelques minutes, les portes furent défoncées, les 4 personnes présentes contrôlées puis sommées de récupérer leurs affaires et de se faire la malle.

Pendant 19 mois, 7 personnes y ont créché, ri, pleuré. Des centaines de personnes sont venues à l'un ou autre de la trentaine d'évènements publics organisés dans le Hangar.

358 briques (selon un maçon) auront été nécessaires pour murer toutes les ouvertures de la maison et du hangar. La voilà maintenant parée pour son avenir miteux : plusieurs mois de statut quo et de lenteurs administratives, une vente aux enchères promise à une quelconque agence immobilière, une très probable destruction : tout ceci pour laisser place à une belle résidence « standing » au charme proche de celui d'un après-midi sur TF1.

Forcément, nous, on a les boules. Selon les sondages, on serait en tête pour l'élection prochaine des dépités. Comme une envie d'hurler à la face de ces employés du Domaine de l'Etat, flics, huissiers, maçons, qui ne « font que leur travail ». Comme une envie de pirater tous ces digicodes, interphones, badges électroniques. Comme une envie de vomir sur ces « nouvelles résidences », rasant autant l'histoire des quartiers que toute possibilité de « ne pas faire normalement » . Comme une envie de ne pas laisser l’agglomération devenir un tas de bâtiments carrés et bien propres,de façades lisses, de murs sans vies et sans envies.

Textes publiés sur Indymedia-Grenoble


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