Copenhague: Des nouvelles d'Ungdomshuset...


"Nous apprenons par un mail de personnes présentes à Copenhague que l'expulsion du centre autonome danois "Ungdomshuset" est imminente (présence de flics d'autres villes, ainsi que de Norvège et Suède ce week-end à Copenhague, vote du parlement jeudi en faveur de la destruction de la maison et fin des négociations avec la Mairie).

Le collectif d'Ungdomshuset a annoncé depuis un moment déjà qu'ils résisteront par la force et qu'il n'y aurait pas de reddition. De nombreuses initiatives sont prévues au Danemark dans les semaines qui vont suivre l'expulsion. Ils est possible de se rendre sur place ou de prévoir des actions de soutien ici.

Nous envoyons donc ici une mise à jour et quelques explications complémentaires sur ce qui s'est passé là-bas depuis les émeutes du 16 décembre 2006.

Vous trouverez par ailleurs une présentation d'Ungdomshuset, des évènements de décembre et un appel à solidarité, ainsi que la liste des consulats du Danemark en France, pour des actions de soutien sur :

http://squat.net/tanneries/documents/Tanneries_-_Ungeren-FR-20061217.txt

Des squatteur-euse-s solidaires"

Mise à jour sur la situation et les actions menées depuis la manifestation du 16 décembre :

La plupart des personnes ont été relâchées, certaines personnes d'origines étrangères ont juste été expulsées momentanément du Danemark, d'autres pour de plus longues périodes. 4 personnes sont toujours incarcérées, en attente de leur procès (il est possible de leur écrire et d'obtenir des informations à jour en prenant contact avec l'Anarchist Black Cross de Copenhague - http://blackcross.dk/). Ungdomshsuet est officiellement expulsable depuis le 1er janvier et ses occupant-e-s ont annoncé qu'ils opposeraient à la police une résistance forte lors de l'expulsion.

Les émeutes du 16 décembre et l'ampleur des actions de soutien à Ungdomshuset ont fait beaucoup de bruit dans les médias danois (jusqu'à une certaine psychose. Pour l'anecdote, suite au communiqué ci-dessus, un gros quotidien danois a déclaré que les représentants et diplomates danois dans toute la France était maintenant en danger du fait du risque d'action de solidarité des jeunes autonomes français). Beaucoup de gens, notamment du quartier cosmopolite de Norrebrö où est installé ungdomsuset, ont décidé de prendre parti pour le squat. Le rapport de force avec les autorités danoises est clairement monté de quelques crans, même si elles ne semblent pas prêtes à lâcher pour autant. La police a néanmoins déclaré être très anxieuse de ce que pourrait donner l'expulsion et demandé à ce que soit étudiée de nouveau une solution politique.

Fin janvier, la Mairie de Copenhague a proposé à Ungdomshuset, si ils acceptaient de partir, une école à acheter pour entre 1,5 et 3 millions d'euros et dans laquelle ils pourrait continuer leurs activités. Une fondation de soutien à Ungdomshuset s'était structuré pour pouvoir racheter Ungdomsushet au parti catholique intégriste "Faderhuset" pour que cet espace demeure en tant que lieu autonome, ce qui a toujours été refusé. Même si théoriquement la fondation pouvait effectivement également racheter l'école proposée par la Mairie, l'assemblée générale d'Ungdomshsuet après une semaine de réunion non-stop a finalement refusé cette solution et écrit une longue lettre à leurs soutiens de la fondation pour en donner les raisons. Ils y expliquent entre autre :

"Nous avons accepté qu'Ungdomshuset puisse être racheté parce qu'il semblait qu'il n'y avait pas d'autres voies. C'était un compromis que l'on était prêt à faire pour garder la maison que nous avons aujourd'hui et son histoire, pas pour une autre maison tandis que notre histoire serait déchirée en morceaux.(..) La lutte pour des "maisons de jeunesse autogérées" a toujours été un combat pour des maisons que nous pourrions remplir et structurer nous-même. Accepter l'offre qui nous est présentée serait accepter qu'une "maison autogérée de la jeunesse" soit quelque chose qui s'achète et que l'autogestion coûte des millions. On ne veut pas prendre part au fait de réduire le droit à ces lieux à une question de capacité à payer. (...)

Les politiciens se sont tellement foutus de nous que nous ne voulons plus écouter leurs conneries. Quelqu'un doit rester fort sur certain principes, quelqu'un doit dire stop et dessiner une frontière. Aujourd'hui il semble que ce quelqu'un sera nous."

A la fin de cette lettre, l'assemblée d'Ungdomshuset déclarait qu'ils/elles ne partiraient du lieu que si la Mairie leur fournissait gratuitement un espace équivalent à l'espace dont il bénéficient actuellement dans le quartier de Norrebrö où ils ont construit leur identité et de forts liens avec le voisinage. Ils ont réaffirmé que leurs objectifs étaient restés ceux du début du mouvement en 1980 et qu'ils exigeaient une reconnaissance politique forte de la nécessité pour ces lieux d'exister. La mairie a sans surprise immédiatement refusé, tout en publicisant l'offre de l'école pour tenter de relégitimer l'expulsion. Celle-ci ne devrait donc logiquement plus tarder. Diverses actions sont d'ores et déjà prévues dans les semaines qui vont suivre l'expulsion.

Depuis la manifestations de décembre, les initiatives se sont multipliées au Danemark et dans divers pays européens :

- A Copenhague, plusieurs actions d'occupations de bâtiment vides ont eu lieu, ce qui n'avait pu arriver depuis un moment (comme en Allemagne, la police expulse systématiquement en moins de 48h), même si elles ont été réprimées avec fracas par la police. Des hackers danois se sont aussi mêlés de la partie, pendant les émeutes du 16 décembre, quelques néo-nazis avaient en effet réussis à prendre des photos de participants puis mis ces photos sur un site internet en appellant les gens à les identifier et à les dénoncer à la police. Les photos ne sont heureusement pas allées loin puisque le site a été attaqué et fermé en quelques heures. Plusieurs autres sites ont été hackés et fermés depuis le mois de décembre: celui du parti catholique intégriste "Faderhuset" qui a racheté Ungdomshuset, ainsi qu'un autre site raciste où des nazis lancent des appels à attaquer les gauchistes, émigrants et la jeunesse alternative. Au résultat, les pages web les plus importantes de l'extrême droite sont fermées depuis plus d'un mois et sans beaucoup de chances que ni les uns ni les autres puissent les réparer à court terme.

- A Barcelone, le consulat du Danemark a été occuppé et les portraits du roi et de la reine danoises redécorés.

- A Athènes, le 20 décembre 2006, des graffitis en faveur d'Ungdomshuset et des tâches de peinture rouges et noires ont décoré la façade de l'institut du Danemark. Lors de la manif pro-squat et agitée du 30 novembre 2006 (organisée un an après l'expulsion du vieux squat athénien Santa Barbara), il y avait une grande banderole de solidarité avec Ungdomshuset.

- A Bergen en Norvège, vers le 17 décembre 2006, des graffitis en faveur d'Ungdomshuset ont décoré le consulat du Danemark.

- A Amsterdam, autour du 20 décembre 2006, une grande banderole a été accrochée sur un batiment, exigeant la libération de toutes les personnes incarcérées suite aux affrontements de Copenhague lors de la manif de solidarité avec Ungdomshuset.

- A Lübeck en Allemagne, le 16 décembre 2006, une centaine de personnes ont manifesté en solidarité avec Ungdomshuset. A Kiel en Allemagne, le 14 décembre, une vingtaine de personnes ont manifesté pour Ungdomshuset, devant le consulat du Danemark.

- En Suède, le 12 janvier 2007, il y a eu trois manifestations de solidarité avec Ungdomshuset, à Malmö, Göteborg et Stockholm (notamment face aux consulats et ambassade du Danemark).

Il est encore temps d'agir !

Pour finir quelques mots d'Ungdomshsuet envoyés suite aux émeutes du 16 décembre:

"Aux brigades internationales:

Merci de votre présence en ce moment de besoin! Nous nous sentons extremement privilégiés de pouvoir compter sur cette famille étendue si extraordinaire. Nous avons très longtemps tenté de négocier avec les politiciens, initié le dialogue et organisé des manifestations pacifiques. En retour, nous n'avons reçu que mensonges, ignorance, violences policères, arrestations arbitraires, détentions et menaces d'expulsion.

Vous nous avez aidé à montrer aux politiciens que contrairement à eux, nos propos ne sont pas foutaises et fausses promesses. Il avait été annoncé que nous nous battrions pour cette maison, et il semble que l'idée selon laquelle l'expulsion à venir ne sera pas chose tranquille comence enfin à faire son chemin à travers l'épaisseur de leur crâne.

La police a appris que notre genre ne peux être forcé à se soumettre. Quelle que soit la brutalité qu'ils emploient, ils ne peuvent nous faire perdre notre désir de lutter. Pas un instant.

Nous sommes désolé·e·s que certain·e·s d'entre vous aient été blessé·e·s, détenu·e·s et expulsé·e·s du territoire. L'enfermement de personnes conscientes de la valeur de la liberté est effectivement cher payé. Mais avec votre force, votre sang et votre insoumission, vous avez fait d'Ungdomshuset votre maison, et à chaque fois que vous reviendrez, vous serez accueilli chez vous.

À ceux/celles d'entre vous qui ont organisé des actions, des manifestations ou concerts de solidarité dans vos propres communauté: merci, vous nous donnez plus de force pour continuer à nous battre! Nous sommes fier·e·s de faire partie d'un réseau qui a encore le courage de faire front à l'élite du pouvoir.

À plus sur les barricades!"

Rappel :

"A savoir que les week-ends on peut prendre traverser toute l'Allemagne à 5 pour 35 euros avec les trains régionaux, arrivés à Rostock prendre le ferry (gratuit si vous demandez a des gens de vous prendre dans leur caisse) et après 140 bornes environ jusqu'à Copenhague (les amendes de train ne sont pas envoyées en France) et un repas chaud à l'arrivée!!!"

-----------------

Le 8 fèvrier, 3 personnes censées avoir participer aux émeutes du 16 decembre en soutien à l'espace autonome Ungdomshuset, ont été arrêtées (une dans la rue, une autre au boulot et une chez elle) et ce après que les flics aient analysé des videos de la manif. Elles ont été inculpées. Une des raisons avancees par la police pour leur arrestation est notamment que comme ça elles ne participeraient pas à d'autres troubles. Comme par exemple ceux qui pourraient suivre une expulsion apparemment imminente... Une autre raison avancée est qu'il fallait restaurer le sentiment que la justice et l'ordre sont assurés. Un officier de police a dit que ces arrestations étaient un test et que si ces gens étaient bel et bien incarcérés, d'autres arrestations pourraient suivre... Une personne a été relachée et les 2 autres sont détenues pour 13 jours...

n.


retour