Ariège : Baluet, un squat rural menacé d'expulsion


21 août 2003

Il fait chaud, ça maçonne, jardine, cuisine, discute, comme d'ab. Mais le doute s'immisce parfois dans nos cours. Quels sont nos priorités, nos moyens ?

Pour celles et ceux qui ont déjà eu l'occasion de lire le précédent article de Baluet rappelant brièvement notre histoire et les problématiques sociales et politiques soulevées pendant quatre années d'occupation de terres en friche et de ruines restaurées, il est inutile de reparler de nos problèmes de procès avec les propriétaires des lieux. Ceux-ci ayant détruit leurs maisons et abandonné à la friche leur patrimoine pendant plus de trente ans nous avaient promis un bail ou une vente le plus rapidement possible pour, finalement, au bout de quatre années d'installation nous expulser.

La délibération du procès au tribunal de grande instance du 8 juillet a été en notre défaveur. Nous voilà sommés de quitter les lieux avant le 11 novembre 2003, de payer les frais de tribunaux, les frais d'avocat de la partie adverse, et 50 Eu d'astreinte par personne et par jour d'occupation supplémentaire.

Nous avons investi nos faibles revenus et quatre années de nos vies ici. Dernièrement, un camion de sable, de la chaux, du bois ont été achetés afin de continuer à nous sortir de la précarité. De nouvelles clôtures ont été préparées. Et nous voilà obligé de choisir : ou bien nous recherchons un autre terrain dès maintenant en abandonnant la lutte, ou bien nous partons sur la route avec notre cheptel en dénonçant au passage l'injustice que nous venons de vivre, ou bien encore nous résistons assuman le risque de rester hors la loi et endettés pour de nombreuses années en vers notre cher trésor public.

Il est difficile de demander du soutien tout en conservant notre autonomie d'action. Nous ne voulons pas porter des étiquettes qui ne nous représenteraient qu'en partie. Nous avons justement appelé notre association "La Sauce Baluet" afin de bien conserver l'idée que notre action est le fruit de nos décisions collectives.

Evidement, nous adhérons à différents mouvements socio-écolo-libertairo-sympatico-solidaires en mettant plus particulièrement notre énergie sur le problème de l'accès à la terre pour d'autres projets que la spéculation abusive, non soucieuse de l'avenir de notre planète et du bien être social commun. Le droit de regard sur les transactions foncières par l'ensemble de l'humanité nous paraît primordial.

Le fait de faire appel, voire de continuer en cours de cassation, nous semble un moyen pour dénoncer les paradoxes du droit de propriété. Comment un droit peut-il être "inaliénable et sacré" si son application sans restrictions entraîne des déséquilibres sociaux et écologiques ? Pourquoi ce droit s'est-il unifié dans ses trois composantes alors qu'avant 1789, il y avait une pluralité de droits individuels et collectifs sur les biens fonciers et qu'en aucun cas la composante abusus (titre) n'était surdéterminante par rapport à l'usus et au fructus ? L'outil juridique existe pour nous défendre, mais nous accorder le droit de rester pourrait peut-être remettre en cause de plus gros abus de propriété qui parfois affament des peuples entiers et détruisent un écosystème vital à la survie de notre planète.

Notre lutte est un grain de sable que nous nous efforçons de placer dans les rouages des rouleaux compresseurs du capitalisme sans limites.

"Des innocents ne savaient que la chose était impossible, alors ils l'on faite". Mark Twain

Les enjeux de notre décision déterminent notre quotidien de ces prochaines années et nous ne voulons pas la prendre dans l'urgence. Pour l'instant, la motivation est à rester après le 11 novembre, et de faire appel. Pour le printemps nous verrons bien. Un déménagement serait long et difficile (outils, matériaux, meubles, personnels et collectifs). Cela pourrait être le moment d'une mobilisation (tracteurs, camions, bras, banderoles.) tout en manifestant l'injustice évidente que nous aurions vécue.

Trêve de conditionnel, la vie continue au présent dans la lutte contre l'aliénation de la terre.

Nous serions heureux(ses) de connaître le soutien auquel nous pourrions nous attendre. Pour continuer notre action, nous avons besoin de partenaires qui nous aideraient à payer les frais de notre lutte, à diffuser l'information de manière large et libre.

N'hésitez pas à nous contacter dès maintenant pour nous annoncer de quelle manière vous seriez prêt-e-s à nous apporter votre soutien.

"le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend." Marius Jacob

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Pour nous contacter :

Téléphone : 05 61 60 68 69

Fax : 08 25 17 22 72

Adresse électronique : katipik@free.fr

Baluet, 09290 Le Mas d'Azil, france

atipik@tiscali.fr


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